SOURCE : legitimite.fr
Quand donc seront entendues les plaintes des agriculteurs et des pêcheurs de France que l’on empêche de travailler ? Comment ne pas être solidaires de ceux qui depuis des décennies subissent des contraintes aux finalités assez opaques et souvent contradictoires les unes les autres ?
Quand arrêtera-t-on de faire établir des règlements par des autorités lointaines, déconnectées de la vie des métiers ? Les technocrates ont, hélas, bien trop souvent perdu depuis plusieurs générations, tout contact avec les particularités de la terre et de la mer. Quand cessera-t-on d’accorder crédit aux plus radicaux visant, pour toute l’Europe, non pas les progrès, mais la disparition de l’agriculture traditionnelle nourricière ?
L’histoire enseigne que la souveraineté alimentaire est essentielle pour qu’un pays assume son destin.
La crise qui explose actuellement vient de loin. Ceux qui savent écouter les Français et les comprendre, la sentaient poindre depuis longtemps. Elle prolonge celle des Gilets Jaunes de 2018 qui n’a connu que quelques réponses faibles, partielles et ponctuelles sous forme d’aumônes. Il était alors attendu du pouvoir une remise en cause de l’ignorance des réalités des professions et la prise en compte de la dégradation continue des territoires ruraux livrés à l’abandon des services publics ; attendu un changement d’attitude vis-à-vis de ceux qui travaillent et peinent pour des salaires de misère et des conditions de vie très dures, mettant un cinquième de la population sous le seuil de pauvreté. Chaque fois, le même mal est dénoncé. Celui de ne pas vouloir écouter ceux qui savent,
pour ne prendre que le parti de ceux qui spéculent et qui cogitent dans leur cabinet loin des réalités de terrain. Celui du décalage entre la vraie vie et l’idéologie, surtout quand celle-ci n’est même plus capable de penser en termes de système global. Chacun y va de sa spécialité ou de sa particularité sans se préoccuper d’une approche globale dans laquelle la société tout entière trouverait sa place. Pourtant l’agriculture comme la pêche permettent aisément de comprendre que la société est une chaîne et que, si certains veulent se nourrir correctement et au juste prix, il faut que d’autres produisent, et surtout actuellement, puissent produire sans entraves.
Si la France officielle ne revient pas au réalisme politique, sans chercher à être prophète, gageons que les carrefours et les autoroutes resteront bloqués pour longtemps. Virtuellement, aucun barrage n’a été enlevé depuis les Gilets jaunes puisqu’aucune réforme de fond n’est apparue jusqu’alors.
Suspendus un temps, ils peuvent reprendre leur vigueur.
En politique, il n’y a rien de pire que le déni de réalité. Les agriculteurs et les pêcheurs en font les frais actuellement, mais ils savent qu’ils ne sont que l’avant-garde de tout un peuple qui peu à peu redécouvre que s’il a beaucoup de devoirs, il a aussi des droits. Notamment celui de vivre de son travail.
Alors ne restons ni aveugles ni silencieux face à la tragédie que vivent nos agriculteurs et nos pêcheurs afin qu’ils soient entendus et qu’enfin l’État se souvienne qu’en France, il ne peut y avoir de pays sans paysans.
Louis, Duc d’Anjou