Quelques préceptes de la loi naturelle, par C.S. Lewis

Quelques préceptes de la loi naturelle, par C.S. Lewis Tous les hommes ont une même nature

Clive Staples Lewis (1898-1963) est un écrivain et universitaire anglais connu mondialement pour son chef d’œuvre Les Chroniques de Narnia. Frappé par l’universalité des règles de la vie humaine en société, il recueille quelques préceptes de la loi naturelle trouvés dans des civilisations aussi différentes que celles de la Chine ancienne, de la Grèce et de la Rome antiques, de l’Inde, de l’Amérique indienne, de l’Australie aborigène, etc. Serait-ce dû à la confession anglicane de l’auteur ? On peut seulement regretter que toutes les traditions soient sollicitées hormis la tradition catholique. Si la loi naturelle — ou loi de droite raison — est accessible à la raison humaine seule, Dieu la confirme pourtant par la Révélation dans ses Dix commandements donnés à Moïse. Enfin Jésus-Christ, le Verbe de Dieu, synthétise les Dix commandements dans les commandements d’amour de Dieu et du prochain de l’Évangile.  [La Rédaction]

Introduction de Vive le Roy

AVERTISSEMENT : Si les citations ont bien été collectées par Lewis dans son livre L’abolition de l’homme (Éditions Raphaël, Paris, 2000, p.99-114), les titres, les compléments et la conclusion ont été ajoutés par VLR afin de faciliter la lecture des Internautes.


Introduction de C.S. Lewis

Les exemples de la loi naturelle que l’on trouvera dans ce chapitre sont tirés de sources aisément accessibles aux non-spécialistes. Cette liste ne prétend pas être exhaustive. On notera que des auteurs tels que Locke et Hooker, dont les œuvres se situent au sein de la tradition chrétienne, sont cités parallèlement au Nouveau Testament1.

Nature sociale de l’homme

La nature pousse l’homme à souhaiter la société des hommes et à y participer.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 4.

Selon la Loi naturelle fondamentale, l’humanité doit être autant que possible protégée.
Angleterre. J. Locke, Two Treaties of Civil Government, II, 3.

Les hommes furent créés les uns pour les autres afin qu’ils puissent se rendre service les uns aux autres.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 7.

L’homme est la joie de l’homme.
Tradition nordique. Havamal, p. 47.

Je suis homme : rien de ce qui est humain ne m’est étranger.
Rome. Terence, Heautontimorou-menos.

Les devoirs envers l’autre

Devoirs envers ses parents

Tu honoreras ton père et ta mère.
Judaïsme. Exode, 20. 12.

Ton père est une image du Seigneur de la Création, ta mère une image de la Terre. Car quiconque ne les honore pas exerce en vain sa foi. C’est là le premier devoir.
Hindouisme. Janet, I, 9.

A-t-il méprisé père et mère ?
Babylone. « Liste des péchés », Encyclopedia of Religion and Ethics (ERE), vol. 5, p. 446.

Prendre soin de ses parents.
Grèce antique. Épictète, « Liste des devoirs », Entretiens, III, 7.

C’est sur le tronc que travaille l’homme de bien. Si le tronc est fermement enraciné, la Voie peut croître. Un comportement respectueux envers les plus âgés et les parents est assurément la racine même du bien.
Chine. Confucius, Entretiens, I, 2.

Quand le respect voulu est manifesté envers les parents décédés et perpétré après leur mort, c’est là que la force morale d’un peuple atteint son point culminant.
Chine. Confucius, Entretiens, I, 9.

Devoirs envers sa parenté

L’affection naturelle est une chose bonne et conforme à la Nature.
Grèce. Idem, I, 11.

Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié sa foi.
Timothée, 5, 8.

L’union et la communion entre les hommes se conservera d’autant mieux qu’on manifestera plus de bonté envers ceux avec qui on a des relations plus étroites.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 16.

Les frères se battront entre eux et seront la ruine les uns des autres.
Tradition scandinave. Récit de la période funeste qui précédera la fin du monde, Voluspa, p. 45.

A-t-il insulté sa sœur aînée ?
Babylone. Liste des péchés, ERE, vol 5, p. 446.

Pour qui pense droit, rien ne peut changer le devoir que l’on a envers sa parenté.
Tradition anglo-saxonne. Beowulf, 2600.

Voici ce que je te recommande ; sois sans reproche vis-à-vis de ta parenté. Ne cherche pas à te venger même quand ils te font du tort.
Tradition nordique. Sigrdrifumal, 22.

Devoirs des époux

Tu aimeras ta femme avec zèle et satisferas son cœur toute ta vie durant.
Ancienne Égypte.

N’y a-t-il que les fils d’Atrée pour aimer leur femme ? Tout homme bon et sensé aime et chérit la sienne.
Grèce. Homère, L’Iliade, IX, 340.

Se marier et avoir des enfants…
Grèce antique. « Liste des devoirs », Épictète, Entretiens, III, 7.

Peux-tu concevoir une cité peuplée d’Épicuriens ? … que se passerait-il ? d’où viendraient les citoyens ? qui les éduquerait ? qui serait le chef des éphèbes ? qui dirigerait l’éducation physique ? que leur apprendrait-on ?
Grèce antique. Idem.

Devoirs envers ses enfants

La nature produit en nous un amour particulier pour ceux que nous avons procréés – Vivre conformément à la nature est le bien suprême.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 4 ; De legibus, I, 11.

Le plus grand respect est dû à l’enfant.
Rome antique. Juvénal, XIV, 47.

Le Philosophe dit : dès l’instant qu’un enfant est né, il faut respecter ses facultés.
Chine. Confucius, Entretiens, IX, 22.

Vous les verrez prendre soin de ceux de leur parenté et des enfants de leurs amis… sans jamais les défavoriser.
Tradition des Indiens d’Amérique. Le Jeune, ERE, vol. 5, p. 437.

Socrate n’a-t-il pas aimé ses propres enfants bien qu’il les aimât en homme libre, se souvenant qu’il faut d’abord être l’ami des dieux ?
Grèce. Épictète, Entretiens, III, 24.

Devoirs envers les plus faibles

Je n’ai pas opprimé le pauvre. Je n’ai pas rendu le début de chaque jour pénible pour celui qui travaillait pour moi.
Ancienne Égypte. Confession de l’âme juste, ERE, vol. 5, p. 478.

Les enfants, les vieillards, les pauvres et les malades doivent être considérés comme les seigneurs de l’atmosphère.
Hindouisme. Janet, I, 8.

Tu te lèveras devant les cheveux blancs et tu honoreras la personne du vieillard.
Judaisme. Lévitique 19, 32.

J’ai pris soin du vieillard. Je lui ai donné mon bâton.
Égypte antique. ERE, vol. 5, p. 431.

Vous les verrez prendre soin des vieillards…
Tradition des Indiens d’Amérique. Le Jeune, cité dans ERE, vol 5, p. 437.

On rapporte que, dans la tribu des Daleburas, une femme, infirme de naissance, fut portée à tour de rôle par les membres de la tribu jusqu’à sa mort, à l’âge de soixante-six ans ; ils n’abandonnent jamais les malades.
Aborigènes d’Australie. ERE, vol. 5, p. 443.

Le massacre des femmes et surtout des enfants, qui doivent assurer la force future du peuple, est ce qu’il y a de plus affligeant … et nous en ressentons douloureusement la perte.
Récit indien de la bataille de Wounded Knee, ERE, vol. 5, p. 432.

Quiconque intercède en faveur des faibles est agréable aux yeux de Shamash.
Babylone. ERE, vol. 5, p. 445.

A-t-il manqué au devoir de libérer un prisonnier ?
Babylone. « Liste des péchés ». ERE, vol. 5, p. 446.

J’ai donné du pain à celui qui avait faim, de l’eau à celui qui avait soif, des vêtements à celui qui était nu, une barque à celui qui était sans moyen de naviguer.
Égypte antique. ERE, vol, 5, p. 478.

On ne doit jamais frapper une femme, même avec une fleur.
Inde. Janet, I, 8.

Là, Thor, tu t’es couvert de déshonneur pour avoir frappé des femmes.
Tradition nordique. Harbarthsljoth, 38.

Vous les verrez prendre soin des veuves, des orphelins et des vieillards, sans jamais leur faire aucun reproche.
Indiens d’Amérique. ERE, vol. 5, p. 439.

La nature confesse qu’elle a offert au genre humain les cœurs les plus tendres en leur accordant le don des larmes. C’est là le meilleur de nous-mêmes.
Rome. Juvénal, Satires, XV, 31.

On dit qu’il fut le plus doux et le plus bienveillant des rois de la terre.
Tradition anglo-saxonne. « Louanges du héros », dans Beowulf, 3180.

Quand tu moissonneras ton champ, et que tu auras oublié une gerbe dans le champ, tu ne retourneras point la prendre : elle sera pour l’étranger, pour l’orphelin et pour la veuve…
Judaïsme. Deutéronome, 24. 19.

Devoirs envers le prochain

Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Judaïsme. Lévitique 19,18.

Tu aimeras l’étranger comme toi-même.
Judaïsme. Lévitique, 19, 33-34.

L’homme dont on implore la charité doit toujours donner.
Inde. Janet, I, 7.

Traite celui que tu connais de la même manière que celui que tu ne connais pas.
Égypte antique. ERE, vol. 5, p. 482.

Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux.
Matthieu, 7, 12.

Si un indigène faisait une « trouvaille », quelle qu’elle fût (un arbre à miel, par exemple), et qu’il y apposait sa marque, il pouvait être sûr de la retrouver intacte (du moins pour ce qui est des membres de sa propre tribu), quelle que fût la durée de son absence.
Aborigènes d’Australie. ERE, vol. 5, p. 441.

La justice est l’intention ferme et persévérante de rendre à chacun son dû.
Rome antique. Justinien, Institutions, I, 1.

Tu ne commettras point d’iniquité dans tes jugements. Tu n’auras point égard à la personne du pauvre et tu ne favoriseras point la personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice.
Judaïsme. Lévitique, 19, 15.

Le premier devoir de justice est de ne nuire à personne tant qu’on n’est pas provoqué par l’injustice d’autrui. Le second est qu’un homme doit user des biens communs comme il convient et user des biens privés comme de ses propres biens. Il n’y a pas de biens privés par nature ; ils sont dus soit à une occupation antérieure (par exemple chez ceux qui sont entrés autrefois dans des territoires sans possesseur), soit à une conquête, soit à la loi, à un accord, à un pacte ou à une attribution du sort.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 7.

Il y a deux sortes d’injustice : on trouve la première chez ceux qui commettent un acte injuste, la seconde chez ceux qui omettent de protéger leur prochain de l’injustice quand ils le pourraient.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 7.

Les hommes ont toujours su qu’ils pouvaient légitimement se défendre contre la violence et l’injustice ; ils ont toujours su que même s’il est normal de chercher son propre intérêt, il n’est pas tolérable de le faire aux dépens d’autrui et que dans ce cas tout le monde doit résister par tous les moyens légitimes.
Angleterre. Hooker, Laws of Ecclesiastical Polity, I, IX, 4.

Devoirs envers la cité

Je ne dois pas être impassible à la manière d’une statue, mais je dois maintenir mes relations naturelles et acquises, comme adorateur, fils, frère, père et citoyen.
Grèce. Idem, III, 2.

N’as tu pas encore saisi qu’aux yeux des dieux et des sages il faut honorer et vénérer sa patrie, la trouver plus sacrée qu’une mère, qu’un père et que tous les ancêtres ? Qu’il faut lui donner, quand elle se fâche, une réponse plus douce qu’à un père ? Que si tu ne parviens pas à la faire changer d’avis, tu dois lui obéir en toute quiétude, qu’elle t’enchaîne, te frappe ou t’envoie à la guerre où tu risqueras mort ou blessure ?
Grèce. Platon, Criton, 51a, b.

Nous ne naissons pas pour nous-mêmes : une partie de nous-mêmes est revendiquée par la patrie, une autre par nos parents, une autre encore par nos amis.
Rome. Cicéron, idem, I, 7.

Ils arrivèrent dans les plaines de la joie, sur les délicieuses pelouses des bois fortunés, dans le séjour des bienheureux. Là était le groupe de ceux qui avaient été blessés en combattant pour leur patrie.
Rome. Virgile, L’Enéide, VI, 658-639, 660.

Ne pas prendre une attaque violente en considération, c’est fortifier le cœur de l’ennemi. L’ardeur est vaillante, mais la lâcheté est infâme.
Ancienne Égypte. Propos du pharaon Senostris III, cité par H.R. Hall dans Ancient History of the Near East, p. 161.

Rappelle-leur d’être soumis aux magistrats et aux autorités. J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité.
Tite, 3. 1 et 1 ; Timothée 2, 1-2.

Si le dirigeant d’un pays contribuait au salut total de celui-ci, ne mériterait-il pas le nom de bon ? Le Maître dit : il ne serait alors plus question seulement de bien : Cet homme serait sans aucun doute un divin sage.
Chine. Confucius, Entretiens, 6, 28.

Le peuple étant déjà en grand nombre, que peut-on faire de plus pour eux ? Le Philosophe dit : leur donner la prospérité. On lui dit : et s’ils étaient prospères, que pourrait-on encore faire pour eux ? Le Philosophe dit : les instruire.
Chine. Confucius, Entretiens, 13, 9.

Devoir de chercher le bien

Manifeste de la bonté … Montre de la bonne volonté.
Babylone. Hymne à Shamash.

Le fondement de la justice est la bonne foi.
Rome. Cicéron, De officiis, 1,7.

L’homme de bien doit apprendre à être fidèle à ses supérieurs et à tenir sa parole.
Chine. Confucius, Entretiens, 1, 3.

Quel est l’homme de bien qui s’imagine ne jamais pouvoir être touché par le malheur ?
Rome. Juvénal, Satires, XV, 140.

Les défenses

Le meurtre

Tu ne tueras point.
Judaïsme. Exode, 20, 13.

Je n’ai pas tué.
Ancienne Égypte. Livre des morts, « Confession de l’âme juste », ERE, vol 5, p. 478.

À Nastrond (= en enfer), j’ai vu des meurtriers.
Voluspa, vieille saga nordique, p. 38-39.

Haine, malveillance et violence

Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur.
Judaïsme. Lévitique XIX. 17.

Ce que l’on ne désire pas qui nous soit fait, il ne faut pas le faire aux autres.
Chine. Confucius, Entretiens, XV, 23 ; cf. XII, 2.

Je n’ai pas fait souffrir de la faim. Je n’ai pas fait pleurer.
Ancienne Égypte. Livre des morts.

Tu ne sèmeras point la terreur parmi les hommes, sinon tu tomberas sous le coup de la terreur de Dieu.
Ancienne Égypte. Enseignements de Ptahhotep.

Ne prononce pas une parole qui pourrait blesser autrui.
Inde. Janet, p. 7.

L’adultère

A-t-il approché la femme de son voisin ?
Babylone. Liste des péchés. ERE, vol. 5, p. 446.

Tu ne commettras point d’adultère.
Judaïsme. Exode, XX, 14.

À Nastrond (= en enfer) … j’ai vu les séducteurs de la femme d’autrui.
Tradition scandinave. Voluspa, 38, 39.

Le vol

Je n’ai pas dérobé les offrandes des morts bienheureux.
Égypte antique. ERE, vol. 5, p. 473.

A-t-il déplacé des pierres de bornage ?
Babylone. « Liste des péchés », ERE, vol.5, p 446.

Faire du tort, voler ou faire voler quelqu’un.
Babylone. « Liste des péchés », Idem.

Je n’ai pas volé.
Égypte antique. Confession de l’âme juste, ERE, vol. 5, p. 478.

Tu ne voleras point.
Judaïsme. Exode, XX, 15.

Il vaut mieux perdre que de gagner par des moyens honteux.
Grèce. Chilon, Fragment, 10, Diels, Fragments des présocratiques, I, 63.

Le mensonge

Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Judaïsme. Exode, XX, 16.

Celui qui est cruel et calomniateur est considéré comme ayant les habitudes d’un chat.
Inde. Lois de Manou, Histoire de la science politique, vol. 1, p. 6.

Tu ne calomnieras pas ton prochain.
Babylone. Hymne à Shamash.

Je n’ai pas calomnié l’esclave auprès de celui qui est au-dessus de lui.
Égypte antique. « Confession de l’âme juste », ERE, vol. 5, p. 478.

Un sacrifice est anéanti par un mensonge ; le fruit des charités l’est par l’action de la fraude.
Inde. Janet, I, 6.

Ceux dont la bouche est pleine de mensonge ne peuvent subsister devant toi : tu détruis leurs paroles par le feu.
Babylone. « Hymne à Shamash », ERE, vol. 5, p. 445.

Avait-il la bouche pleine de oui et le cœur plein de non ?
Babylone. ERE, vol. 5, p. 446.

Je n’ai pas menti.
Égypte antique. « Confession de l’âme juste ». ERE, vol. 5, p. 478.

Je n’ai pas cherché à piéger autrui, je ne me suis pas parjuré.
Tradition angle-saxonne. Beowulf, 2738.

Le Philosophe dit : sois toujours d’une bonne foi sans défaillance.
Chine. Confucius, Entretiens, VIII, 13.

À Nastrond (= en enfer), j’ai vu des parjures.
Tradition scandinave. Voluspa, 39.

Je hais comme les portes de l’hadès celui qui me dit une chose et en cache une autre au fond de son cœur.
Grèce. Homère, L’Iliade, IX, 312.

Il n’y a rien de pire que la traîtrise.
Tradition nordique. Havamal, 124.

Les devoirs envers soi

Connaître et chercher le bien

Le Philosophe dit : celui qui a une foi inébranlable dans la vérité, et qui aime l’étude avec passion, conserve jusqu’à la mort les principes de la vertu qui en sont la conséquence…
Chine. Confucius, Entretiens, VIII, 13.

Celui dont le cœur tend vers le bien, même au degré le plus infime, ne peut commettre d’actions vicieuses.
Chine. Confucius, Entretiens, IV, 4.

Ne pas se laisser corrompre, voilà ce qui plaît à Shamash.
Babylone. ERE, vol. 5, p. 445.

Maîtrise des sens

La nature et la raison commandent de se garder de l’indécence et de la mollesse et d’éviter toute action ou toute pensée lascives.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 4.

Qu’il ne désire ni mourir ni vivre, qu’il attende son heure … qu’il supporte avec patience les paroles dures, s’abstenant entièrement des plaisirs du corps.
Inde. « Lois de Manou », ERE, vol. 2, p. 98.

Celui qui est impassible, qui tient ses sens en bride, celui-là est dit consacré ; il est comme une flamme à l’abri du vent, qui ne vacille pas.
Inde. « Bhagavad Gita, » ERE, vol. 2, p. 90.

L’âme doit gouverner le corps et l’esprit l’âme. C’est donc la première loi selon laquelle ce qu’il y a de plus élevé en nous requiert l’obéissance de tout le reste de la personne.
Angleterre. Hooker, op. cit., I, VIII, 8.

Courage et sagesse

Le courage doit être d’autant plus grand, le cœur d’autant plus vaillant, l’esprit d’autant plus ferme que nos forces s’amenuisent. C’est là que gît notre seigneur, le corps mis en pièces, notre plus grand héros dans la poussière. Qu’il hurle éternellement celui qui pense abandonner le combat.
Bataille de Maldon, poème anglo-saxon du Xe siècle.

Loue et imite l’homme qui ne craint pas la mort, bien que la vie lui soit douce.
Rome. Sénèque, Lettres à Lucilius, LIV.

La mort est préférable à la servitude et à la bassesse.
Rome. Cicéron, De officiis, I, 25.

Mieux vaut la mort qu’une vie de honte.
Tradition anglo-saxonne. Beowulf, 2890.

L’amour de la sagesse n’est-il pas une façon de se préparer à la mort ?
Grèce antique. Platon, Phédon, 81a.

Il ne faut donc pas écouter les gens qui nous conseillent, sous prétexte que nous sommes des hommes, de n’avoir que des pensées humaines, et sous prétexte que nous sommes mortels, de n’avoir de pensée pour l’immortalité. Au contraire, nous devons nous rendre immortels dans toute la mesure du possible et tout faire pour vivre conformément à la meilleure partie de nous-mêmes, qui, bien que faible en dimension, l’emporte de beaucoup sur tout le reste par sa puissance et sa valeur.
Grèce antique. Aristote, Éthique à Nicomaque, 1117b.

En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perdra.
Jean, XII, 24-25.

 


Complément de Vive le Roy

Définition de la loi naturelle par Cicéron (50 av. J.C.)

Cinquante ans avant l’ère chrétienne, le jurisconsulte romain Cicéron (106-43 av. J.C.) résume ce que l’on connaît de la loi naturelle par la seule intelligence, sans l’aide de la Révélation :

Il est une loi véritable, la droite raison, conforme à la nature, universelle, immuable, éternelle dont les ordres invitent au devoir, dont les prohibitions éloignent du mal.
– Soit qu’elle commande, soit qu’elle défende, ses paroles ne sont ni vaines auprès des bons, ni puissantes sur les méchants.
– Cette loi ne saurait être contredite par une autre, ni rapportée en quelque partie, ni abrogée tout entière.
– Ni le sénat, ni le peuple ne peuvent nous délier de l’obéissance à cette loi.
– Elle n’a pas besoin d’un nouvel interprète, ou d’un organe nouveau.
– Elle ne sera pas autre dans Rome, autre dans Athènes ;
– elle ne sera pas autre demain qu’aujourd’hui.
Mais, dans toutes les nations et dans tous les temps, cette loi régnera toujours, une, éternelle, impérissable ; et le guide commun, le roi de toutes les créatures, Dieu même donne la naissance, la sanction et la publicité à cette loi, que l’homme ne peut méconnaître, sans se fuir lui-même, sans renier sa nature, et par cela seul, sans subir les plus dures expiations, eût-il évité d’ailleurs tout ce qu’on appelle supplice2.

Le résumé de la loi naturelle : le Décalogue révélé par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï

Les conclusions de païens préchrétiens comme Cicéron sont confirmées par l’Auteur de la loi naturelle, Dieu Lui-même, quand Il révèle à Moïse les Dix commandements :

Dieu dit toutes les paroles que voici : Moi, Yahvé, je suis ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison des esclaves.

1) Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne te feras pas de statue ni aucune forme de ce qui est dans le ciel en haut, ou de ce qui est sur la terre en bas, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant eux et tu ne les serviras pas car moi, Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, châtiant la faute des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième [génération] pour ceux qui me haïssent, qui témoigne fidélité à des milliers pour ceux qui m’aiment et observent mes commandements, mais qui témoigne fidélité à des milliers pour ceux qui m’aiment et observent mes commandements.

2) Tu ne prononceras pas en vain le nom de Yahvé, ton Dieu ; car Yahvé ne laisse pas impuni celui qui prononce son nom en vain.

3) Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu œuvreras et tu feras tout ton travail ; mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni ton résident qui est dans tes Portes. Car en six jours Yahvé a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi Yahvé a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

4) Tu honoreras ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur le sol que Yahvé, ton Dieu, te donne.

5) Tu ne tueras pas.

6) Tu ne commettras pas d’adultère.

7) Tu ne voleras pas.

8) Tu ne déposeras pas contre ton prochain en témoin mensonger.

9-10) Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain3.

Le Décalogue sous une forme plus compacte pour mémoriser :

1. Un seul Dieu tu adoreras, Et aimeras parfaitement.
2. Dieu en vain tu ne jureras, Ni autre chose pareillement.
3. Les dimanches tu garderas, En servant Dieu dévotement.
4. Père et mère tu honoreras, Afin de vivre longuement.
5. Homicide point ne seras, De fait ni volontairement.
6. Impudique point ne seras, De corps ni de consentement.
7. Le bien d’autrui tu ne prendras, Ni retiendras sciemment.
8. Faux témoignages ne diras, Ni mentiras aucunement.
9. L’œuvre de chair ne désireras, Qu’en mariage seulement.
10. Biens d’autrui ne désireras, Pour les avoir injustement.

Saint Paul confirme l’accès à la loi naturelle par l’intelligence seule

Quand des païens qui n’ont pas la Loi [le Décalogue donné par la Révélation] pratiquent spontanément ce que prescrit la Loi, eux qui n’ont pas la Loi sont à eux-mêmes leur propre loi.
Ils montrent ainsi que la façon d’agir prescrite par la Loi est inscrite dans leur cœur, et leur conscience en témoigne, ainsi que les arguments par lesquels ils se condamnent ou s’approuvent les uns les autres.
(Saint Paul, Épître aux romains, II, 14-15.)

La loi naturelle résumée par Jésus-Christ, Verbe de Dieu, vrai Dieu et vrai homme

Dans son Évangile, saint Matthieu rapporte les paroles de Jésus :

Les Pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, se réunirent ensemble. Et l’un d’entre eux, un légiste, l’interrogea pour le mettre à l’épreuve :
—. Maître, quel commandement est le plus grand dans la Loi ?

Il lui déclara :
—. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu avec tout ton cœur, et avec toute ton âme, et avec toute ta pensée.
C’est là le plus grand et le premier commandement.

Le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

À ces deux commandements toute la Loi est suspendue ainsi que les Prophètes.

(Matthieu, XXII, 34-40.)

Conclusion de Vive le Roy

Le Créateur — qui est donc l’Auteur de notre nature et des lois de bon comportement qui lui sont associées — a inscrit ses lois dans l’intelligence humaine : la « conscience en témoigne » dit saint Paul, cette conscience qui nous fait regretter nos actions mauvaises. Aussi tout homme qui a l’usage de sa raison peut-il identifier le bien et le mal, et vouloir l’un ou l’autre.

Pour confirmer la loi naturelle — ou loi de droite raison comme disent Cicéron et saint Thomas d’Aquin —, Dieu révèle à Moïse les Dix commandements qui la résument.

Enfin le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, non seulement synthétise la loi naturelle en deux propositions — les commandements d’amour de Dieu et du prochain —, mais plus encore : il donne l’exemple d’une vie humaine parfaite en véritable Archétype de l’humanité.

 

  1. Texte tiré de l’ouvrage de C.S.Lewis, L’abolition de l’homme, Éditions Raphaël, Paris, 2000, p.99-114.
  2. Cicéron, De republica, livre III, 17, La république de Cicéron traduite d’après un texte découvert par M. Mai, par M. Villemain de l’Académie française, Didier et C librairies-éditeurs, 1858, p. 184-185.
  3. La Bible Osty, Émile Osty et Joseph Trinquet, « Exode » XX 2-17, Éditions du Seuil, 1973, p. 183-184.
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