Héraldique de la Bourgogne

Héraldique de la Bourgogne Blason : écartelé au Ier et 4e, semé de France, à la bordure componée d'argent et de gueules ; au 2e et 3e bandé d'or et d'azur de six pièces à la bordure de gueules.

Cette série sur l’héraldique de chaque province de France est la synthèse opérée par Viveleroy à partir des deux ouvrages Blasons des anciennes provinces de France de Jacques Meurgey et Les armoiries des provinces françaises de Meurgey et Robert Louis. Le blason de ces provinces a été réalisé par Robert Louis qui fut dessinateur symboliste des Services officiels, Conseiller technique de la Société française d’héraldique et de sigillographie. Les textes sont inspirés de ceux de Jacques Meurgey de Tupigny 1, brillant héraldiste, Conservateur aux Archives nationales, Président de la Société française d’héraldique et de sigillographie ; tout en étant enrichis par VLR. En l’espèce nous avons mis l’accent sur des périodes historiques qui expliquent le rang éminent du duché royal de Bourgogne au sein du royaume de France. En outre nous avons fait le choix de survoler d’autres périodes cruciales mais bien connues du public, telles que la Bourgogne des Valois ou autres.

Géographie de la Bourgogne

Carte des provinces françaises

Ancien duché royal 2 , la Bourgogne avait pour capitale Dijon et pour villes principales : Semur, Bourg, Gex, Auxerre, Avallon, et Autun. Elle est limitée au nord par la Champagne, à l’est par la Bresse et la Franche-Comté, au sud par la Loire, le Rhône et le Dauphiné, à l’ouest par le Bourbonnais et le Nivernais.

Elle comprend les pays suivants : le Dijonnais, la Fontaine-Française, l’Autunnois, le Châtillonnais, l’Auxois, l’Avalonnais, le Terre-Pleine, le Pays d’Othe, le Tonnerrois, le Charollais, le Mâconnais, l’Auxerrois, le Châlonnais, le Valromey, les Dombes, le Bugey, la Bresse et le Morvan.

Histoire de la Bourgogne

Cette province de l’ancienne France a tiré son nom de ses conquérants les Burgondi ou Burgondiones.

La Bourgogne pré-burgondienne

Nous reprenons dans cette partie des extraits de l’Histoire de la Bourgogne par Jean Richard 3 parue aux Presses universitaires de France.

Les origines

Nous savons peu de choses de l’histoire des hommes qui ont habité la future Bourgogne avant l’époque gauloise. Les traces qu’ils ont laissées de leur existence ou de leur activité, se dispersent sur des périodes très longues 4

La Bourgogne au temps des Gaulois

Une pluralité tribale

Vers la fin du IIe siècle, nous entrevoyons l’implantation des tribus gauloises dans la région bourguignonne. Certains des peuples qui y sont installés ont participé aux grandes expéditions des siècles précédents en Grèce et en Italie : les Sénons, les Lingons et peut-être les Insubres. Mais au Ier siècle, ces peuples-là paraissent en décadence, et l’hégémonie appartient à d’autres, qui peuvent être des nouveaux venus : les Eduens (Hædui).

L’Éduie et sa clientèle 

Ces Éduens ont pour domaine essentiel le Morvan, base de leur puissance ; mais leur territoire s’étend largement sur le sud et l’ouest de la Bourgogne, atteignant la vallée de l’Allier et celle du Rhône, s’allongeant vers le nord jusqu’aux hauteurs qui dominent Dijon, jusqu’à l’Avalonnias et contrôlant une partie de l’Auxois. Ils sont entourés d’un cortège de peuples clients 5 L’oppidum majeur de la confédération éduenne se trouve sur le mont Beuvray : c’est Bibracte.

Le voisinage éduen

Les Éduens ont pour voisins , du côté du nord, les Sénons et les Lingons. Sans doute le territoire des premiers, qui comprend la région de Meaux, s’étend-il sur une partie de l’Auxerrois actuel; les seconds, qui ont pour capitale Andomatunum (Langres), paraissent dominer la région au nord de Câtillon-sur-Seine. Entre Lingons et Eduens, un peuple qui reste pour nous mystérieux : les Mandubiens, dont la forteresse, Alesia,  a eu le privilège d’inspirer des légendes dont Diodore de Sicile s’est fait l’écho, en nous disant qu’elle a été fondée par Héraklès lui-même. Alésia était une vieille cité ligure 6 , une ville sainte dans laquelle on a retrouvé les restes de nombreux temples datant de l’époque romaine. On attribue au territoire mandubien l’Auxois et le Tonnerrois. À l’est de la Saône enfin, les Éduens se heurtent aux Séquanes dont Dijon était une bourgade jusqu’à la conquête romaine.

Les Éduens et les Romains

Les Éduens, soucieux de préserver leur indépendance — et leurs prétentions à l’hégémonie — contre les autres peuples gaulois, firent de bonne heure appel aux romains. Dès 121, ils s’allient à ces derniers pour abattre l’empire arverne, puis contre les Séquanes et enfin les Suèves. 7 C’est en 58 qu’apparaît César qui porte secours aux vieux alliés du peuple romain 8 en guerre avec les Helvètes. Les Éduens semblent dociles mais ils ne manquent pas de clairvoyance envers les romains. Le contingent d’Éduens présent à Gergovie, contre les Arvernes, renverse son alliance et pille les dépôts de vivres que les Romains avaient abrité en Éduie. En outre c’est à Bibracte même que Vercingétorix est reconnu chef suprême des gaulois révoltés. Mais on connaît la suite : la capitulation d’Alesia entraîne la soumission de l’Éduie.

La domination romaine

Passé la conquête, la domination romaine semble s’être imposée sans heurts. Les « cités » gauloises conservaient leurs frontières, leur administration traditionnelle, leurs usages, et c’est insensiblement qu’elles se mirent à l’école de Rome. Toutefois des transformations importantes se dessinaient, et se réalisèrent assez vite. Par exemple, cinquante ans après la conquête, on assiste au déplacement des vieilles capitales. Ainsi Bibracte était évacuée par ses habitants, qui se transportaient sur une colline bordant la vallée de l’Arroux : Augustodunum (Autun). Les villes et les élites se romanisent. La Gaule est sûre, il n’est pas nécessaire d’installer dans la future bourgogne de garnisons importantes. Il suffit d’échelonner quelques postes de légionnaires le long des grandes voies militaires qui relient le littoral méditerranéen à la côte de la Manche et à la frontière de Germanie. Le réseau des voies commerciales se développe. Autun en est l’un des centres principaux, mais les villes de la Saône connaissent aussi un grand essor 9.

Le Bas-Empire

Le IIIe siècle voit disparaître la quiétude et la prospérité de l’époque précédente. Le péril germanique se dessine plus nettement. En 276, c’est le déferlement des Alamans 10. Un siècle plus tard, en 355, une nouvelle invasion déferle : les garnisons n’osent quitter les villes. La vie large des villes ouvertes des Ier et IIe siècles est finie. Des murailles sont érigées en urgences ; l’organisation militaire est renforcée. C’est désormais le Bas-Empire, avec sa hiérarchie sociale rigoureusement fixée, sa fiscalité envahissante et le contrôle exercé par le pouvoir central. Les campagnes ne sont plus sûres 11.

Cependant la Bourgogne a appris à connaître la foi chrétienne. Dès le IIe siècle, on surprend à Autun l’existence précoce d’une petite communauté chrétienne de langue grecque 12. Dès la paix de l’Église 13 voit-on un évêque résider à Autun puis à Auxerre, à Langres, à Chalon et à Mâcon. La pénétration chrétienne dans les campagnes s’amorce : saint Martin prêche aux paysans de la cité des Éduens. Enfin les diocèses s’organisent, se donnant pour limites celles des cités gallo-romaines. 

Burgondes et francs en Bourgogne

Les Burgondes

Le peuple qui devait donner son nom à la Bourgogne, les Burgondiones ou Burgundi, venait de Scandinavie où l’île de Bornholm (Burgundarholm) conserve leur souvenir. Ils débarquent sur le continent entre Oder et Vistule, et atteignent progressivement la vallée du Rhin à la fin du IVe siècle. En décembre 406, les Burgondes passent le Rhin et s’établissent autours de Worms, avec le statut de fédéré de Rome.

Le royaume burgonde de Worms

Leur mission était de garder le fleuve face aux Huns, en liaison avec leurs congénères restés sur la rive droite. La royauté burgonde était déjà forte. Les Burgondes étaient pacifiques et réputés comme d’habiles artisans du bois. Cependant sous une nouvelle poussée des Huns, de nombreux Burgondes d’outre-Rhin passèrent très vite sur la rive gauche 14. Ainsi le peuple burgonde, gonflé de réfugiés, chercha à s’étendre vers la Belgique Première (Trèves, Metz) en 435.

Repoussés par Aetius, ils cherchèrent à récupérer leurs territoires perdus d’outre-Rhin, en 436. Les Burgondes subirent alors un épouvantable massacre : les Huns d’Attila en massacrèrent 20 000, et leur roi Gundichaire (Gunther). Hébétés par ce carnage, les survivants se tinrent tranquilles dans la zone de Worms, certains restant païens, leurs rois étant ariens, alors que subsistait un petit clan catholique. Le souvenir de cette effroyable bataille continua à faire vibrer la mémoire collective des peuples germanique. Il constitue le fondement historique de la légende de Sigurd (Sigfried), de la saga des Völsung et des Nibelungen.

Le royaume des Burgondes 

En 443, le patrice Aétius put installer facilement les survivants vaincus sur un nouveau territoire : la Sapaudia (Savoie très élargie). Les Burgondes y forment un îlot ethnique germanique qui garde son organisation propre et un roi national. La mort du patrice prélude à leur émancipation. Sous la conduite de leurs nouveaux rois Gondioc (456-471) et Chilpéric, ils s’avancent dans la vallée du Rhône 15, envahissent le nord de l’Helvétie, puis Dijon, Langres, Besançon, Windisch en 479. À la fin du siècle, la Provence est sous leur contrôle.

Dans ce royaume, les Burgondes constituent l’armée alors que l’administration civile reste aux mains des Gallo-Romains ; le roi y est un représentant de l’Empereur — de celui d’Occident d’abord, de celui d’Orient ensuite. Il porte le titre de Magister militum, ce qui lui donne un commandement légitime aux yeux des populations romanisée. Gondebaud, fils de Gondioc et petit-fils de Gundichaire, fut un roi éminent. Élevé à la cour impériale, l’Empereur d’Occident lui conféra le titre de Patrice, vers 473. Il reste seul roi des Burgondes à la mort de son dernier frère, Godegisil. Gondebaud améliora le droit et promulgua la célèbre loi Gombette (Lex Burgundionum) pour ses sujets de race burgonde ; pour ses sujets gallo-romains un abrégé du droit en vigueur — la Lex romana Burgundionum. Roi pour les siens, patrice pour les Romains, il gouverne un véritable royaume qui va de l’Auxerrois à la Suisse romande, de la Champagne à la Durance.

Ce royaume solide résistera un peu à l’assaut des rois Francs Saliens. La Burgondie plie face à Clovis puis tombe en 534. Cependant le peuple burgonde ne disparaît pas, car son aristocratie a eu le temps de s’allier à la noblesse gallo-romaine grâce à l’action pacificatrices et unificatrices de ses rois.

Le Regnum Burgundiæ mérovingien

La Burgondie réapparaît dans la carte de la Gaule franque grâce à l’action d’un petit-fils de Clovis, fils de Clothaire Ier : le saint roi Gontran (561-593). C’est avec lui que la Bourgogne prend l’aspect qu’elle gardera jusqu’au IXe siècle. Ses limites allaient au nord jusqu’à Langres, au sud jusqu’à Cavaillon voire Marseille, à l’ouest jusqu’à Nevers et à l’est jusqu’au lac de Constance. Sous les Mérovingiens, la Bourgogne est un royaume franc qui constitue une part du grand royaume des francs (regnum Francorum) au même titre que la Neustrie, l’Austrasie et l’Aquitaine.

La Bourgogne carolingienne

En proie à l’anarchie de la fin de la période mérovingienne, la Bourgogne trouve un protecteur : le maire du palais d’Austrasie, Charles Martel. En 733, il conduit ses troupes en Burgondie. La conquête austrasienne bouleverse la Bourgogne. Les biens d’Église sont sécularisés, les abbayes données à des fidèles du nouveau conquérant, les sièges épiscopaux restent vacants, l’aristocratie locale est dépossédée et les comtes sont des Austrasiens ou des Bavarois : c’est la fin de la Bourgogne mérovingienne. L’unité bourguignonne est rompue et les partages carolingiens ne respectent plus l’intégrité du regnum burgundiæ. Si en 768 la Bourgogne toute entière fait partie du royaume de Carloman — frère de Charlemagne —, les partages arrêtés en 806 par le roi-empereur prévoient le démembrement du royaume. Ce démembrement va finalement se réaliser en 843.

C’est au traité de Verdun que la frontière de la Saône est adoptée pour séparer le royaume de Lothaire de celui de Charles le Chauve. La plupart des pagi de l’ancienne Burgondie sont attribués à Lothaire ; le reste formera ce qu’on va appeler la Bourgogne franque. L’idée d’une unité survit cependant. En octobre 879, on le verra lorsqu’une assemblée 16 réunie à Mantaille élira le roi Boson 17.

Néanmoins, dès 880, les Carolingiens envahissent le royaume de Boson, considéré comme un usurpateur, car étranger au sang caroligien. La grande Bourgogne a vécu. Elle est divisée en quatre parties : la Bourgogne franque, le comté de Bourgogne ou Franche-Comté de Bourgogne, la Bourgogne Transjurane 18 ou royaume de Haute-Bourgogne, et la Bourgogne Cisjurane au sud ou Basse-Bourgogne ou encore Provence. Les trois dernières Bourgogne formeront le futur royaume d’Arles 19 qui sera une terre d’Empire.

La Bourgogne française

La Bourgogne franque suit une destinée différente. Elle doit son unité et son autonomie à la menace que fait peser le reste de la Bourgogne sur le royaume de France. Ainsi les comtés d’Autun, de Chalon et de Mâcon forment la base d’une marche défensive, matrice du duché de Bourgogne.

Le duché de Bourgogne

L’apparition des pillards normands accélère la constitution du duché de Bourgogne par le comte Richard d’Autun. Celui-ci se consacre à la lutte contre les envahisseurs, bien au delà de son comté d’Autun. Ainsi il remporte les victoires d’Argenteuil et de Saint-Florentin (892, 898) près de Tonnerre.

En 911, le danger est plus grave : Rollon se porte sur Auxerre. Repoussé par l’évêque, saint Véran, ils se rejettent sur Chartres poursuivis par Richard. L’armée de duc de France survient et fait la jonction avec celle de Richard. Toutes deux infligent au chef normand une terrible défaite. Pour faire face aux périls, un commandement unique est créé au profit de Richard, en 898,  qui est autorisé à fusionner ses comtés par le roi Eudes. Il est alors investi du titre de marchio jusqu’en 918 puis de celui de dux. Dès 890, plusieurs comtes de la région bourguignonne paraissent lui obéir. À sa mort, en 921, les comtés d’Autun, de Sens, d’Auxerre et de Nevers sont réunis entre ses mains, et des comtes qui sont ses fidèles tiennent Chalon, Dijon, Langres, Troyes, Brienne, l’Auxois, l’Avalonnais, le Beaunois, l’Atuyer, l’Oscheret et le Tonnerrois.

Richard le Justicier est considéré comme le premier duc de Bourgogne et le fondateur de cette principauté Territoriale. Ensuite pendant près de cent trente années, le duché perdurera — avec une physionomie assez mouvante — malgré la lutte entre les Robertiens et les descendants de Richard. Finalement, affaibli par l’absence d’héritiers directs, le duché de Bourgogne est conquis par le roi Robert le Pieux.

Le duché capétien

Bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules (Bourgogne)

Robert le Pieux reconstitue le duché de Bourgogne au profit de son second fils, Henri. Mais le roi garde le gouvernement du duché. À la mort de son fils aîné, le prince Hugues, Henri devient l’héritier du trône de France et c’est son frère cadet, Robert, qui devient le nouveau duc de Bourgogne et qui fonde la première maison capétienne de Bourgogne

Robert Ier de Bourgogne était de surcroît comte de Charolais, de Langres et d’Auxerre. En 1033, il épouse Hélie de Sémur, héritière richement possessionnée, qui était aussi la sœur de l’abbé Hugues de Cluny.

Celui-ci joua en Espagne un grand rôle dans la propagation de la réforme grégorienne et dans l’éradication du rite Mozarabe. Ainsi il intéressa la noblesse bourguignonne à la Reconquista. C’est le début des croisades bourguignonnes au-delà des Pyrénées.

Les Bourguignons au loin 

Les Bourguignons en Espagne
Blason du roi Alphonse Ier de Portugal, fils aîné d’Henri de Bourgogne, comte de Portugal (D’argent aux cinq écus d’azur semés de besants d’argent, disposés en croix)

Tout d’abord l’intérêt des Bourguignons se porta sur la péninsule ibérique. En 1058, Robert Ier le Vieux se porta au secours

du comte de Barcelone, Bérenger-Raimond. Son fils aîné, Henri le Damoiseau y aurait épousé la fille du comte, Sibylle. Le professeur Jean Richard nous raconte que, plus tard, Hugues Ier mène ses chevaliers en Espagne au coté du roi Sanche Ier d’Aragon ; puis Eudes Ier fait de même en 1087 et participe à la prise de Tolède.

Son frère cadet Henri de Bourgogne combat aussi les Maures dans la péninsule Ibérique. Il rejoint le roi Alphonse VI de Castille, époux de sa tante Constance de Bourgogne, et l’aide à conquérir la Galice. Puis il épouse la fille d’Alphonse VI, Thérèse de Léon, et devient comte de Portugal. Il est le père du fondateur de la maison royale du Portugal, Alphonse Ier. Une génération plus tard, le duc Eudes II de Bourgogne guerroie au Portugal.

En outre la Bourgogne se passionne pour le pèlerinage de Compostelle : deux comtes de Chalon meurent sur la route d’Espagne, en 1065 et 1078. Hugues II encore, au début du XIIe siècle, va deux fois au tombeau de sainte Jacques.

Les Bourguignons en Terre-Sainte
Blason d’Eudes de Nevers (Bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure endentée de gueules)

La croisade en Terre-Sainte attire aussi les chevaliers bourguignons. Le duc Eudes Ier, le comte de Bourgogne-Comté, les comtes de Nevers et de Chalons prennent la croix pour l’« arrière-croisade » de 1101. Eudes Ier meurt à Tarce en Cilicie en 1103. Saint Bernard prêche la seconde croisade à V

ézelay, en 1146 : si le duc de Bourgogne n’y participe pas, un grand nombre de chevaliers bourguignons prendront la route d’Orient. En 1162, le duc Eudes II meurt au cours du voyage Outremer qu’il avait entrepris pour racheter ses fautes de seigneur pillard. Plus tard Hugues III meurt à Acre lors de la troisième croisade, en qualité de chef des troupes laissées par le roi Philippe Auguste.

Par contre Eudes III refusa de prendre la tête de la quatrième croisade à la mort de Thibault de Champagne. Mais il participa à la croisade d’Albigeois et mourut au moment de partir en Terre-Sainte. Hugues IV se croise deux fois : en 1238 à la suite de comte Thibault IV de Champagne, puis en 1248, où il accompagne le roi saint Louis à la septième croisade. Il y sera le chef d’une moitié de l’armée au siège de la Mansourah et sera fait prisonnier avec son roi. Son fils aîné Eudes de Bourgogne, comte de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre (1230-1266) mourut en odeur de sainteté en défendant Acre.

Les Bourguignons en Méditerranée

Notons également l’aventure de Robert, fils cadet du duc Robert Ier qui devint Régent de Sicile. En Grèce,  Hugues IV de Bourgogne gagne le titre de roi de Thessalonique en échange de sa promesse d’aider Baudouin II de Courtenay, empereur détrôné de Constantinople. Louis de Bourgogne (1297-1316), fils du duc Robert II, sera roi titulaire de Thessalonique et prince d’Achaïe. Il partira en Grèce faire valoir ses droits à la tête de chevaliers bourguignons ; vaincra son rival, Ferdinand de Majorque, à la bataille de Manolada, mais mourra quelques semaines plus tard dans des circonstances troubles. Ce titre restera dans la maison de Bourgogne jusqu’en 1321, date à laquelle le duc Eudes IV vendra ses droits sur la principauté d’Achaïe à Philippe de Tarente.

Blason de Louis de Bourgogne (Bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules, au franc quartier de gueules à la croix ancrée d’or)
Blason de la principauté d’Achaïe (De gueules à la croix ancrée d’or)

Le rayonnement spirituel de la Bourgogne capétienne

Blason de l’abbaye de Cîteaux : D’azur semé de fleur de lys d’or, sur le tout, bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules

Aux XIe et XIIe siècle, le développement des abbayes de Cluny et de Cîteaux contribue au rayonnement spirituel mais aussi économique, culturel et artistique de la Bourgogne. L’empire de Cluny se constitue sous saint Odilon (994-1048) puis sous saint Hugues de Semur (1049-1109).

Hugues Ier devint moine à Cluny de 1079 jusqu’à sa mort en 1093. Le pape Urbain II, qui est un ancien prieur clunisien, vient consacrer la splendide troisième église abbatiale.

Puis Cîteaux 20 essaime notamment à Clairvaux dont saint Bernard deviendra abbé en 1115. Son influence dépassera très largement le cadre de la Bourgogne. De nombreuses églises romanes sont construites en Bourgogne durant cette période telle que Vézelay et Tournus.

Les Capétiens en Bourgogne

Bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules, à la fleur de lys d’or au franc quartier (blason de Philippe Monsieur)

Finalement, de 1016 à 1361, treize ducs capétiens vont se succéder pour diriger le Duché de Bourgogne. À partir de 1103, le duché se transmet de père en fils. L’autorité du duc de Bourgogne est reconnue sur ses terres et le duché se stabilise. Avec le XIIIe siècle et le duc Hugues III, l’heure de l’indépendance des grands féodaux est passée. Désormais les ducs sont de fidèles serviteurs du roi de France. Ce sont des pairs laïcs primitifs de France 21. Depuis Hugues IV, les ducs font figure de princes français. Ce sont des familiers du roi : Robert II épouse la fille de saint Louis, Agnès. Leur hôtel se situe sur la montagne Sainte-Geneviève.

Enfin les ducs s’intéressèrent toujours à la Bourgogne d’Outre-Saône mais sans succès décisifs 22 jusqu’à Eudes IV, qui épouse la princesse Jeanne de France, héritière des comtés de Bourgogne et d’Artois.

Il devient comte de Bourgogne en 1330. Le Duché et le Comté de Bourgogne sont à nouveau réunis. Mais pas pour longtemps, car la première Maison capétienne de Bourgogne s’éteint. Le fils d’Eudes IV, Philippe Monsieur, meurt en Guyenne au siège d’Aiguillon (1346), avant son père. Son petit-fils Philippe de Rouvre hérite des possessions d’Eudes et de Jeanne. Mais il meurt de la peste à l’âge de 15 ans en 1361.

Dans son testament le jeune duc Philippe avait ordonné de respecter la coutume des différents pays qu’il gouvernait. Comme c’est un apanage, le duché de Bourgogne retourne alors au domaine royal.

La Bourgogne des Valois

Après sa réunion au domaine royal, le duché de Bourgogne est à nouveau érigé en apanage au profit de Philippe le Hardi, quatrième fils du roi Jean II le Bon. Philippe de France (1342-1404) est célèbre pour avoir défendu héroïquement son père lors de la bataille de Poitiers, en 1356. En 1360, il reçoit la Touraine. Finalement le roi lui reprend la Touraine et lui octroie un plus riche apanage : la Bourgogne.

Blason de Philippe le Hardi : écartelé en 1 et 3 d’azur semé de fleur de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 4 bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules.
Blason du duc Jean sans Peur : écartelé en 1 et 3 d’azur semé de fleur de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 4bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules, sur le tout d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules.

Le duché se trouve replacé dans l’état où il se trouvait en 1361. Géographiquement, il comprend les cinq baillages d’Auxois, de la Montagne, de Dijon, de Chalon, d’Autun et de Montcenis. À ce bloc, s’agrègent de nombreuses enclaves ducales 23. En outre le duché de Bourgogne est la première pairie du Royaume.

Blason des ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire : écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 parti de bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules et de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules et en 3 parti de bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules et d’argent au lion de gueules armé et lampassé d’or. Sur le tout d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules.

En 1369, Le duc Philippe II le Hardi épouse la jeune veuve de Philippe de Rouvre, Marguerite de Flandre. À la mort de son père, celle-ci lui apporte la suzeraineté sur des terres immenses : le comté de Flandre, d’Artois, de Rethel, de Nevers, de Bourgogne. C’est une ensemble territorial considérable. Philippe le Hardi jette ainsi les bases de l’État bourguignon, qui à son apogée, se dressera en rival du royaume de France. Les ducs tenteront de transformer l’ensemble des seigneuries qu’ils réunissent en leur personne en un état centralisé, entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique. Ils rêvent de former une nouvelle Lotharingie. Philippe III de Bourgogne, dit le Bon, se fera appelé le Grand duc d’Occident. Il réunira en plus sous son autorité les Dix-Sept Provinces des Pays-bas, les provinces impériales de Namur, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg et d’Anvers.  Il créé l’ordre de chevalerie de la Toison d’or, en 1430.

L’histoire prestigieuse de l’État bourguignon est bien connue que ce soit par son éclat ou ses zones d’ombres 24 et ne nécessite pas un plus large développement ici pour atteindre le but que nous sommes fixés.

Quatre ducs se succéderont 25 à la tête de cette principauté jusqu’à la mort de Charles le Téméraire en 1477, qui laissera une fille : Marie de Bourgogne. Le duché de Bourgogne étant un apanage, il retourne naturellement au domaine royal à l’extinction de la descendance directe par les mâles du premier apanagiste. Le duché et le comté de Bourgogne sont à nouveau douloureusement séparés.

La Bourgogne d’Ancien régime

Nous passons rapidement sur les événements puisque nous nous intéressons aux faits historiques qui influenceront l’héraldique de la Bourgogne. Ainsi la Bourgogne reste une province du royaume de France, dotée d’un gouverneur militaire 26 et conserve ses États provinciaux et son Parlement.

En 1679, le traité de Nimègue met fin au conflit juridique entre le roi de France et les Habsbourg au sujet du titre de duc de Bourgogne et oblige le roi d’Espagne à renoncer à ce titre.

En 1682, le fils du Grand Dauphin, le prince Louis de France reçoit le titre de duc de Bourgogne 27.

En 1751, le prince Louis de France, fils du Dauphin Louis 28 est également titré duc de Bourgogne.

Depuis 1682, ce titre est réservé aux primogenitus du trône de France.

Actuellement, fidèle à cette tradition, le prince Louis, le fils aîné du prince Louis de Bourbon, le roi Louis XX de jure, est titré Dauphin de France et duc de Bourgogne.

Blason de Louis de France, duc de Bourgogne : écartelé au 1 et 4 d’azur à trois fleurs de lys d’or (France) et au 2 et 3 bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules (Bourgogne)
Le blason du Gouvernement de Bourgogne dans l’Armorial de La Planche (1669)

L’héraldique de la Bourgogne

La proto-héraldique capétienne

À partir du roi Louis VII, qui assuma le premier la composition d’azur semé de fleurs de lis d’or, tous les princes du sang de la Maison de France arborèrent les armes de France, pleines ou brisées, en fonction de leur place dans l’ordre de succession à la Couronne. On parle du lignage des fleurs de lis 29. Cependant avant le règne de Louis VII, la combinaison azur et lumière (or ou argent) était les couleurs royales. Ainsi la descendance de Robert II le Pieux, c’est-à-dire les ducs capétiens de Bourgogne, puis celle d’Henri Ier, c’est-à-dire les comtes de Vermandois, celle de Louis VI le Gros, les comtes de Dreux, adoptèrent-elles toutes un système héraldique azur et or.

Echiqueté d’or et d’azur des Vermandois
Echiqueté d’or et d’azur à la bordure de gueules des Dreux
Echiqueté d’or et d’azur au franc-quartier d’hermines à la bordure de gueules des Dreux-Bretagne

L’héraldique de la première Maison capétienne de Bourgogne

Il semble que ce soit le duc Eudes II (1118-1162) qui arbora, le premier, les armes de Bourgogne dites anciennes : Bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules. La doctrine actuelle envisage la bordure de gueules comme une possible brisure ou plutôt comme un moyen de souligner l’importance du bandé d’or et d’azur, comme lorsqu’on entoure un titre pour le mettre en valeur. Ces armes seront portées par les ducs de Bourgogne jusqu’en 1361, qui affirment ainsi leur appartenance à la famille capétienne. De plus les armoiries de la première Maison capétienne de Bourgogne étant les premières armes que posséda le duché de Bourgogne ; ces armes dépassèrent le cadre dynastique et furent définitivement associées et assimilées au duché de Bourgogne qu’elles symbolisent.

Bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules (Bourgogne)
Blason de la branche de Montagu (Bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules, au franc quartier d’hermines.
Échiqueté d’or et d’azur au franc-quartier d’hermines à la bordure de gueules des Dreux-Bretagne

Nous avons vu plus haut différentes brisures parmi lesquelles :

  • la bordure endentée de gueules d’Eudes de Nevers.
  • le franc quartier à la fleur de lys d’or de Philippe Monsieur 30.
  • le franc quartier de gueules à la croix ancrée d’or de Louis de Bourgogne.

Alexandre de Bourgogne, fils cadet du duc Hugues III, fut le fondateur de la branche des Montagu. Il adopta comme brisure un franc quartier d’hermines. Cette brisure fut également utilisée contemporainement par son cousin Pierre Mauclerc, cadet de la maison capétienne de Dreux puis duc de Bretagne. Ce franc quartier jouira d’une grande fortune en Armorique.

Les blasons de deux cadets  de la maison capétienne de Bourgogne : Portugal et Viennois

Blason du roi Alphonse Ier de Portugal : D’argent aux cinq écus d’azur disposés en croix, chaque écu semé de besants d’argent

Le roi Alphonse Ier de Portugal (1109-1185), fils d’Henri de Bourgogne, comte de Portugal adopta un écu qui fait doublement référence à la symbolique capétienne. Primo, sur la forme, les cinq écus rangés en croix qui ornent son blason reprennent l’association de couleurs azur et « lumière » (ici des besants d’argent) des Capétiens. Secundo, au fond, Alphonse Ier choisit une représentation célestielle comme le firent les rois de France. En effet ces deux blasons capétiens sont une image du cosmos spirituel ; les besants d’argent ou les lys d’or symbolisant des astres sur un ciel d’azur 31. C’est une affirmation symbolique de l’importance du domaine spirituel pour ces rois chrétiens.

André Dauphin de Bourgogne (1184-1237) fut le fils du duc Hugues III de Bourgogne et de Béatrice d’Albon. Il est le fondateur de la branche capétienne de Bourgogne du Viennois et porta le titre de Dauphin du Viennois. Il adopta des armes parlantes arborant un dauphin. En outre André Dauphin respecta lui aussi l’association de couleurs capétiennes : azur et « lumière » (dans son cas, un champ d’or).

Cimier en forme de grand duc éployé, doré timbrant le casque du duc de Bourgogne dans l’Armorial équestre de la Toison d’or.
Blason des Dauphins du Viennois :D’or au dauphin d’azur, crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules.

Les ornements extérieurs de l’écu de la première maison capétienne de Bourgogne

En la matière, de façon générale, les Français aiment la simplicité. Concernant la maison capétienne de Bourgogne, nous savons que ces ducs portèrent tardivement sur leur heaume, un cimier en forme de grand duc éployé et doré.

L’héraldique de la Maison de Valois-Bourgogne

Philippe le Hardi (1342-1404) est le fondateur de cette branche cadette de la Maison royale de Valois. En sa qualité de cadet du roi de France, il arbora les armes de France mais brisées d’une bordure componée d’argent et de gueules 32 afin de bien marquer sa position de puîné au sein de la famille royale.

Blason de Philippe le Hardi, duc de Touraine (D’azur semé de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules).
Blason de Philippe de France, duc de Bourgogne :Écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 3 bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules.

En 1360 son père, le roi Jean II le Bon, lui conféra la Touraine en apanage. Depuis lors, le blason de la Touraine, se confond avec les premières armes personnelles de son seigneur de l’époque : Philippe le Hardi 33.

En 1363, le roi de France lui reprit la Touraine pour lui donner un apanage plus riche encore : le duché de Bourgogne. Naturellement Philippe le Hardi conserva ses armes personnelles qui disent sa place dans la famille royale (D’azur semé de fleur de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules) auxquelles il associa les armes de son nouveau fief : la Bourgogne (Bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules). Suite à cet événement, les nouvelles armes du prince Philippe de France, duc de Bourgogne furent : Écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleur de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 3 bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules.

Son fils, le duc Jean sans Peur (1371-1419) hérita de sa mère le duché de Flandre. Il ajouta donc le blason de Flandre sur les armes de son père, ce qui donna : écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleur d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 3 bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules, sur le tout d’or au lion de sable, armé et lampassé de gueules.

Il est intéressant de noter que le second fils de Philippe le Hardi, Antoine de Valois-Bourgogne (1384-1415) duc de Brabant, arbora les armes de sa Maison associées à celles de ses fiefs : le Brabant et le Limbourg. Il portait le blason suivant : écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules, en 2 de sable au lion d’or armé et lampassé de gueules, et au 3 d’argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d’or. Les armes du duché de Bourgogne ne figurent pas donc sur son blason.

Blason de Jean sans Peur :écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 3 bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules, sur le tout d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules.
Blason d’Antoine de Brabant :écartelé en 1 et 4 d’azur à trois fleurs de lys d’or et à la bordure componée d’argent et de gueules, en 2 de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules et au 3 d’argent au lion de gueules armé et lampassé d’or.
Blason de Philippe de Nevers :écartelé en 1 et 4 d’azur semé de lys d’or et à la bordure componée d’argent et de gueules, en 2 et 3 d’or au lion de sable armé, couronné et lampassé de gueules.

Le troisième fils du duc Philippe II, Philippe de Valois-Bourgogne (1389-1415), comte de Nevers et de Rethel, portait un écartelé des armes de son père et de sa mère : écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 3 d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules.

Ainsi tous ces princes de Valois-Bourgogne portaient les armes de leur lignée en 1 et 4 auxquelles ils associaient les armes de leurs fiefs principaux. 34

Le troisième duc de Valois-Bourgogne fut Philippe III le Bon. Il poursuivit la même politique héraldique que ses pères en portant en 1 et 4 les armes de sa lignée associées aux armes de ses fiefs principaux en 2 et en 3. Dans son écartelé le 1 et le 4 restent intégralement aux armes des Valois-Bourgogne alors que le 2 et le 3 sont partitionnés entre les différents fiefs. Donc si la surface occupée par les armes des Valois-Bourgogne reste constante, celle de chaque fief diminue sur le blason.

En conclusion, on peut affirmer que les armes d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules représentent soit la province de Touraine soit la Maison de Valois-Bourgogne mais nullement la Bourgogne qui reste symbolisée par le bandé d’or et d’azur à la bordure de gueules.

D’ailleurs dans l’Armorial de l’Ordre de la Toison d’or qui est un manuscrit enluminé élaboré à partir de 1430, la fonction de duc de Bourgogne est représenté par un cavalier aux armes bandé d’or et d’azur à la bordure de gueules ; alors que le duc titulaire, Philippe III le Bon arbore ses armes complètes comportant en 1 et 4 le blason de sa lignée et en 2 et 3 les blasons de ses fiefs principaux. Le blason propre de la Bourgogne n’y occupe qu’environ un quart de la surface totale.

La représentation concrète du titulaire du duché de Bourgogne dans le même armorial.
La représentation abstraite du duc de Bourgogne dans l’Armorial équestre de la Toison d’or.
Blason des ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire : écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 parti de bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules et de sable au lion d’or, armé et lampassé de gueules et en 3 parti de bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules et d’argent au lion de gueules armé et lampassé d’or. Sur le tout d’or au lion de sable armé et lampassé de gueules.

Les ornements extérieurs de l’écu de la Maison de Valois-Bourgogne

Cette publication se concentre plutôt sur le blason. Néanmoins donnons quelques éléments rapides des ornements extérieurs de l’héraldique de la Maison de Valois-Bourgogne.

Le cimier de la Maison de Valois-Bourgogne

Collier de l’Ordre de la Toison d’or

Façonné en matière légère, le cimier est fixé sur le sommet du casque afin de permettre l’identification du combattant. En l’espèce  les princes aux Lys portaient un cimier en forme de fleur de lis double dite aussi carrée. Nous pouvons apercevoir celle du duc Philippe le Bon sur sa représentation dans l’Armorial équestre de la Toison d’or ci-dessus ; ou encore sur celle du futur duc Charles le Téméraire, alors comte de Charolais ci-dessous. Notons qu’elles sont toutes les deux ornées de pierres précieuses rouges.

Enfin les armes du roi René d’Anjou confirment bien que les Capétiens usaient du cimier au lys carré.

Le cri de guerre des ducs de Valois-Bourgogne

Le cri de guerre ou cri de combat est un cri de ralliement commun à une armée. En héraldique, il est placé au-dessus du blason. Celui des ducs de Valois-Bourgogne était : Montjoie saint Andrieu !

En leur qualité de Capétiens, ils avaient conservé le cri de Montjoie 35 mais ils vénérèrent saint André au lieu de saint Denis 36.

Le collier de l’Ordre de la Toison d’or

L’Ordre de la Toison d’or est un ordre de chevalerie fondé à Bruges par le duc Philippe le Bon à l’occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal, le 10 janvier 1430. Son but était de rapprocher la noblesse des États bourguignons épars. Les chevaliers de la Toison d’or portaient le collier de l’ordre qui, en héraldique, entourait l’écu.

La croix de Bourgogne

L’emblème de la croix de Bourgogne est une croix de saint André particulière. En effet les deux bras de sa croix de bois sont jonchés de nœuds de branches coupée. En outre elle est de couleur rouge sur fond blanc.  En héraldique on parle d’un sautoir écôté de gueules sur un champ d’argent. Même s’il s’agit plutôt d’un signe vexillologique37, la croix de Bourgogne est aussi un symbole apparaissant dans l’héraldique bourguignonne en qualité d’ornement extérieur du blason.

Héraldique de la Province de Bourgogne

Sous l’Ancien régime, la province de Bourgogne eut finalement les armes suivantes : écartelé en 1 et 4 d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules et en 2 et 3 bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules.  Sur le fond l’attribution de ce blason à la Bourgogne est justifiée puisqu’il représente la continuité de l’histoire de la Bourgogne : du duché capétien aux Grands ducs d’Occident.

En revanche je constate que les appellations au sein de ce blason sont fautives. En effet on parle de Bourgogne moderne pour le 1 et le 4 et de Bourgogne ancien pour le 2 et le 3. Or isolément le blason du 1 et du 4 représente territorialement la Touraine 38. Il n’est pas contestable de reconnaître que le blason d’azur semé de fleurs de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules est le symbole héraldique tourangeau. Territorialement ce blason ne peut pas aussi signifier la Bourgogne.

Blason de Bourgogne moderne

De plus ces armes représentent la lignée des Valois issue de Philippe le Hardi dit les Valois-Bourgogne. Mais leur suzeraineté dépassa très largement l’aire bourguignonne dont le duché ne constituait qu’une partie du chapelet de seigneuries que posséda cette branche des Valois. Ainsi le blason représentant territorialement la Touraine et aussi le signe privé d’une famille, branche cadette des Valois.39. Mais ce blason, seul, ne représente pas la Bourgogne. Sa dénomination de Bourgogne moderne est donc incohérente et fautive.

En revanche, pour plus de clarté, il serait logique de nommer Bourgogne moderne l’ensemble du blason ci-dessous et non plus écartelé en 1 et 4 de Bourgogne moderne et en 2 et 3 de Bourgogne ancien. C’est l’association des armes des Valois-Bourgogne avec celles de la Bourgogne qui donne du sens à ce blason.

En bonne logique, le blason de la Bourgogne moderne devrait se lire : écartelé en 1 et 4 de Valois-Bourgogne et en 2 et 3 de Bourgogne. Enfin constations que ce blason de Bourgogne moderne représente merveilleusement bien la province de Bourgogne dans toutes ses acceptions.

L’héraldique du duché de Bourgogne

Nous avons précédemment expliqué que sous l’Ancien régime le territoire bourguignon était représenté par sa province dotée d’États, d’un Parlement et d’un gouverneur.

En revanche le titre de duc de Bourgogne, si prestigieux, reparut lorsque la situation diplomatique fut assainie avec l’Espagne. Désormais c’est un titre honorifique dissocié de l’administration de la province bourguignonne. Cependant à partir du règne de  Louis XIV, ce titre de duc, riche de sa glorieuse histoire, fut toujours conféré au fils aîné du Dauphin de France, c’est-à-dire au potentiel futur roi. Le titre de duc de Bourgogne fut toujours attribué à un primogenitus 40.

Blason du duché de bourgogne : Bandé d’or et d’azur à la bordure de gueules.
Blason des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois-Bourgogne.

Héraldiquement le blason symbolisant le duc titulaire de Bourgogne est toujours le même depuis Eudes II. Il s’agit du bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules.

Blason de Louis de France, duc de Bourgogne (1682-1712) puis de Louis de France, duc de Bourgogne (1751-1761)

Sous les ducs de la Maison capétienne de Bourgogne, il se confondait avec les armes de cette lignée. Depuis son extinction, le duc titulaire écartèle ses armes personnelles en 1 et 4 avec celle du duché en 2 et 3. Cela se vérifie sous les ducs de la Maison de Valois-Bourgogne puis sous ceux de la Maison de Bourbon qui perpétue cette coutume régulière.

Actuellement le prince Louis de Bourbon, de jure Louis XX, a poursuivi cette coutume en donnant le titre de duc de Bourgogne à son fils aîné, le Dauphin Louis. Longue vie au duc Louis !!!

Conclusion

Nous croyons avoir démontré qu’il y a un blason qui symbolise, avec bonheur, la province de Bourgogne. Il s’agit de l’écu qui devrait être appelé Bourgogne moderne. Il est composé d’un écartelé en 1 et 4 de Valois-Bourgogne et en 2 et 3 de Bourgogne. Cette construction héraldique symbolise bien la continuité bourguignonne. De surcroît, un autre blason désigne le titre de duc de Bourgogne. Il s’agit toujours des mêmes armes depuis la naissance de l’héraldique : c’est le bandé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules.

Blason de la province de Bourgogne (Bourgogne moderne).
Blason du duc de bourgogne : Bandé d’or et d’azur de six pièces, à la bordure de gueules.

 

  1. https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1975_num_133_2_460071
  2. Duché royal : l’expression est de Jacques Meurgey « Aux lointaines époques mérovingienne et carolingienne, la Bourgogne fut d’abord un royaume considérable, puis un duché. Ensuite deux branches capétienne ont possédé successivement le duché de Bourgogne. »
  3. https://www.aibl.fr/membres/academiciens-depuis-1663/article/richard-jean-barthelemy
  4. Néandertaliens de Genay ou d’Arcy, chasseurs ayant réalisés les peintures rupestres de l’époque aurignacienne de la grotte du Cheval d’Arcy, chasseurs de chevaux de Solutré, agriculteurs néolithiques près de Chagny, monuments mégalithiques, civilisation des Champs d’urnes, invasions amenant des populations usant d’armes de fer de type hallstattien, puis au milieu du premier millénaire, les Celtes refoulent ou subjuguent ce qui restait des Néolithiques et des envahisseurs hallstattiens.
  5. les Ségusiaves au confluent du Rhône et de la Saône, les Ambarres qui semblent avoir occupés la Bresse, les Aulerques Brannovices vers l’ouest.
  6. la Ligurie était une région du nord-ouest de la péninsule italique dont la capitale était Gênes. Les Ligures avait une aire d’influence vaste.
  7. Les Éduens sont battus par ces Suèves au début de 60.
  8. l’alliance économique et militaire entre les Romains et les Éduens est très forte puisque ces derniers étaient appelés fratres consanguineique populi romani par des auteurs tel que Tacite. Seul les Troyens reçurent également ce titre.
  9. surtout Chalon que les Romains ont doté de ponts sur la Saône.
  10. La légende attribuera à leur roi Chrocus la mise à mort de l’évêque de Langres ; mais les dévastations qu’ils ont commises sont considérables.
  11. Au danger que font courir les paysans insurgés, les Bagaudes, s’ajoute celui, beaucoup plus grave, des bandes germaniques qui ont réussi à s’infiltrer au delà des postes de la frontière.
  12. Dans le cycle des martyrs chrétiens on peut citer : Symphorien à Autun, Andoche et Thyrse à Saulien, Bénigne à Dijon, les saints Jumeaux à Langres, et surtout, saint Valérien à Tournus.
  13. Période de tolérance envers la religion chrétienne instaurée par l’Édit de Milan en avril 313 par Constantin Ier ; commence alors l’âge d’or des Pères de l’Église.
  14. Dont un clan royal d’environ 3000 catholiques
  15. Occupation de Lyon et de Vienne en 470.
  16. Cette assemblée comprend les évêques de Provence, de la vallée du Rhône, des provinces de Lyon et de Besançons, ceux d’Autun, de Chalon et de Mâcon. En revanche ceux de Sens, de Nevers ou d’Auxerre sont absents.
  17. Boson de Provence parvient à imposer une royauté élective en pleine crise de succession carolingienne, à la mort de Louis II le Bègue. C’est une membre de la famille aristocratique franque des Bosonides.
  18. Transjuran signifie à l’est des Monts du Jura
  19. Royaume d’Arles aussi appelé royaume des Deux-Bourgogne ou royaume de Bourgogne-Provence
  20. Eudes Ier donna des terres pour la fondation de l’abbaye de Cîteaux, en 1098.
  21. depuis Richard de Bourgogne nommé par le roi Louis III
  22. Eudes Ier épousa Sybille, fille de Guillaume, comte Palatin de Bourgogne, comte de Vienne et de Mâcon
  23. des châteaux beaujolais et bressans, la seigneurie d’Arc-en-Barrois, les terres de Chaussin et de nombreux autres fiefs…
  24. tels que l’assassinat du duc Louis d’Orléans commandité par le duc Jean sans Peur qui déclencha la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons ; ou la capture puis la vente de sainte Jeanne d’Arc aux Anglais.
  25. Philippe II le Hardi, Jean Ier sans Peur, Philippe III le Bon et Charles Ier le Téméraire
  26. Les Guises occuperont longtemps cette charge puis les princes de Condé.
  27. seulement le titre puisque la dangereuse coutumes des apanages a été abandonnée.
  28. Il s’agit du petit-fils du roi Louis XV le Bien aimé ; c’est aussi le frère aîné des futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
  29. voir l’article Rappels sur la tradition héraldique royale française
  30. la brisure avec une fleur de lys d’or est significatif
  31. voir les différents travaux d’Hervé Pinoteau sur le sujet.
  32. https://viveleroy.net/rappels-sur-la-tradition-heraldique-royale-francaise/
  33. d’azur semé de lys d’or à la bordure componée d’argent et de gueules
  34. Précisons que les princes Antoine de Brabant et Philippe de Nevers soutinrent leur frère, le duc Jean sans Peur, dans la guerre civile opposant Armagnacs et Bourguignons. En revanche il s’opposèrent toujours aux anglais et périrent tous deux, en princes français à Azincourt.
  35. comme les autres princes aux Lys tels que le roi René d’Anjou, les ducs de Bourbon…
  36. Saint André est le saint patron de la Bourgogne
  37. La vexillologie — de vexillum, nom de l’étendard dans les armées romaines — est l’étude des drapeaux et des pavillons.
  38. aux risques de graves confusions un même blason ne peut pas représenter deux entités territoriales différentes, en l’espèce deux provinces.
  39. Le signe des Valois-Bourgogne n’est pas le signe de la Bourgogne
  40. https://viveleroy.net/rappels-sur-la-tradition-heraldique-royale-francaise/
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