Les racines religieuses de la Franc-Maçonnerie

Les racines religieuses de la Franc-Maçonnerie La franc-maçonnerie par elle-même (1)

En janvier 2024, Louis XX affronte publiquement le Grand-Maître du Grand Orient de France au sujet de l’euthanasie1. Quand le Successeur des rois de France rappelle l’impératif de droit naturel de préserver la vie, le Maçon défend l’euthanasie au nom de l’autonomie de l’homme, un homme émancipé qui ne reconnaît d’autre loi que celle qu’il se donne. Or, l’idéal de l’autonomie humaine est historiquement porté par la gnose qui est une religion du salut par la connaissance initiatique. Celle-ci prend le contrepied du christianisme en assimilant le Dieu de la Bible à une divinité limitée et malveillante. Selon elle, le crime majeur de ce mauvais principe serait d’avoir enfermé de la substance divine dans de la matière pour créer les hommes, afin de les dominer et de leur imposer ses lois tyranniques. Justement, la Franc-maçonnerie se revendique héritière des religions gnostiques préchrétiennes, et de ces sociétés de souche chrétienne, mais devenues initiatiques, comme les Templiers ou la corporation des maçons… Cet article propose donc une plongée initiatique pour découvrir les racines religieuses de la franc-maçonnerie à partir de ses propres textes2.  [La Rédaction.]

L’organisation maçonnique

Loges, obédiences et rites

La franc-maçonnerie présente plusieurs niveaux d’organisation et de pratique :
– La loge (ou atelier) est l’unité de base de la franc-maçonnerie. C’est une association civile formée par un petit groupe de francs-maçons au sein desquelles se déroulent les réunions rituelles appelées « tenues » et où les nouveaux membres sont initiés.
– Les obédiences sont des fédérations administratives de loges qui gèrent les aspects matériels, rituels et les relations entre loges. Par exemple, en France, on trouve le Grand Orient de France, la Grande Loge de France, et la Grande Loge Nationale Française parmi les grandes obédiences historiques
– Les rites qui sont les systèmes de pratiques et de cérémonies suivis par les francs-maçons. Ils définissent la structure des degrés, les rituels et les symboles utilisés.

Dans son Que-sais-je ? sur la maçonnerie, Paul Medon précise :

Les rites (ou systèmes) maçonniques passés et actuels sont très nombreux.
Quant aux obédiences ce sont les fédérations administratives des loges (ateliers ou temples) groupées généralement en Grandes Loges ou Grands-Orients.

Il ne peut être question d’établir un état exhaustif de tous les rites et de toutes les obédiences qui ont vu le jour depuis 1717. Prenant comme point de référence la Tradition, à laquelle tous les rites se reportent, et l’application qu’ils en font dans l’initiation qu’ils confèrent et dans les rituels qu’ils observent, il suffit de préciser les diverses tendances qui se partagent l’Ordre maçonnique. À ce point de vue on peut distinguer :
– la franc-maçonnerie symbolique régulière ;
– les rites de tradition, à hauts grades ;
– les rites maçonniques cultuels ;
– les rites maçonniques magiques ;
– la franc-maçonnerie moderniste, rationaliste et agnostique.

La franc-maçonnerie symbolique régulière pratique les trois degrés traditionnels de la maçonnerie opérative : apprenti, compagnon et maître.
Elle respecte scrupuleusement les landmarks, règles anciennes et fondamentales de la fraternité. Le type en est la Grande Loge Unie d’Angleterre à qui est reconnue la qualité de Grande Loge Mère du Monde3.

Dans son livre Un maçon franc — Prix Littéraire 2010 de la Maçonnerie — le journaliste et écrivain Christophe Bourseiller relate ses débuts en maçonnerie. Il nous confirme qu’à l’intéreur d’une même obédience se pratiquent plusieurs rites. Sa loge — qui fait partie de l’obédience « Grande Loge Nationale Française » (GNLF) — suit un rite spécifique :

Nous défendons le Rite écossais ancien et accepté (REAA).
À la Grande Loge nationale française, il est loin d’être majoritaire. Beaucoup de frères pratiquent
– le Rite français,
– le Régime écossais rectifié (RER),
– le Rite Émulation,
– ou plus rarement le Rite d’York4.

L’Écossisme des loges rouges, supérieures

L’écossisme désigne la pratique des hauts grades maçonniques des loges rouges. Ce sont des pratiques différentes de celles des grades apprenti, compagnon et maître obtenus dans la franc-maçonnerie symbolique régulière (ou loges bleues).
Ces hauts-grades sont apparus en France au milieu du XVIIIe siècle.
Parmi les rites maçonniques dits « écossais » les plus répandus, on trouve :
– Le Rite écossais rectifié (RER), fondé à Lyon en 1782.
– Le Rite écossais ancien et accepté (REAA), fondé aux États-Unis en 1801.

Dans son livre La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes, le franc-maçon Oswald Wirth explique l’origine de ces loges supérieures :

Toute la maçonnerie dite symbolique n’est hélas, que le symbole de ce qu’elle devrait être réellement. On s’en est aperçu au XVIIIe siècle, dès que la maçonnerie actuelle eut pris quelque extension.
Constatant que ceux qui se disaient Maîtres ne l’étaient pas, ceux qui croyaient l’être dans une certaine mesure éprouvèrent le besoin de développer la Maîtrise dans des ateliers spécialement fondés à cet effet.
C’est ainsi qu’une meilleure sélection devait être réalisée par les Maîtres Écossais, qui surgirent vers 1740 avec l’ambition de former en un 4e degré les Maîtres effectifs faisant défaut aux Loges bleues, le rouge devenant désormais la couleur des ateliers supérieurs5.

En effet, parvenu au grade de maître au sein de la GNLF, Christophe Bourseiller est sélectionné pour faire partie d’une loge supérieure, laquelle se confond avec le rite :

Le Rite écossais ancien et accepté constitue dans la franc-maçonnerie une entité spirituelle indépendante […] Le souverain grand inspecteur général n’a de compte à rendre à personne, et surtout pas à la GNLF, dont il méprise la hiérarchie de pacotille, qui manque à ses yeux de légitimité initiatique […]
Notre maison mère n’est pas à Londres. Elle se situe à Charleston, en Virginie. C’est là que trône le Suprême Conseil du Sud des États-Unis, auquel nous nous rattachons. 6

Les origines de la pensée maçonnique

La gnose païenne des religions à mystère

Oswald Wirth rapporte l’existense d’une tradition initiatique réservée à une élite dans certaines civilisations pré-chrétiennes :

Il est certain aussi que des soins particuliers furent donnés, en Égypte et en Chaldée, à l’éducation des hommes appelés à régner spirituellement ou matériellement. Des écoles enseignèrent un Art Sacerdotal raffiné, destiné à former des prêtres, et un Art Royal préparant à devenir roi. Cette instruction supérieure, visant au plus haut perfectionnement intellectuel et moral des individus, fut ensuite mise à la portée de tous les hommes dignes de la recevoir.
Dans le cours de l’antiquité classique, il se constitua donc de nombreux centres d’initiation où les mystères furent révélés à une élite soigneusement sélectionnée7.

Et on ne badine pas avec ces mystères : le tragédien grec Eschyle (525-456 av. J.-C.) en fait les frais quand il est accusé d’avoir divulgué, dans une de ses pièces, certains mystères d’Éleusis, ville dont il était originaire. Il se défendit — nous dit Aristote (384-322 av. J.-C.) — en prétendant qu’il ignorait « qu’il fût interdit de le dire8 ».
Il semble que la pièce incriminée soit Prométhée enchaîné, dont l’histoire peut se résumer ainsi :

LE MYTHE DE PROMÉTHÉE

Promethée apporte la connaissance aux hommes, en infraction avec la volonté de Zeus
Prométhée, le porteur de lumière (Lucifer), apporte le feu de la connaissance aux hommes, contre l’ordre de Zeus.

Dans la mythologie grecque, Prométhée est un Titan connu pour sa ruse et son intelligence.
Il décide d’aider les humains, créés récemment, en leur apportant le feu volé aux dieux de l’Olympe. Ce don permet aux hommes de se développer et de progresser.
Zeus, furieux de ce vol, décide de punir Prométhée. Il le fait enchaîner à un rocher dans le Caucase, où un aigle vient chaque jour lui dévorer le foie, qui repousse chaque nuit. Le supplice est censé durer éternellement.
Pour punir les hommes, Zeus crée Pandore, la première femme, et lui offre une boîte contenant tous les maux de l’humanité. Poussée par la curiosité, Pandore l’ouvre, libérant ainsi les malheurs sur Terre. [Notons que cet épisode avec Pandore ne figure pas dans la pièce d’Eschyle, mais qu’il fait partie du mythe de Prométhée (NDLR).]

Ce mythe illustre la quête de connaissance de l’humanité. La connaissance est symbolisée par le feu — ou la lumière — apportée aux hommes par un être bienveillant. Cependant Zeus le chef des dieux en est irrité, aussi punit-il Prométhée et les hommes. Par là, le mythe révèle que le progrès est le fruit d’une transgression, et que celle-ci a un prix.

La doctrine maçonnique

La gnose maçonnique — héritière de la gnose antique et toujours réservée aux seuls initiés — plonge ses racines dans les mythes comme celui d’Osiris nous dit Oswald Wirth :

Le récit de la mort d’Osiris et tant d’autres fables traduisent en images les enseignements de la plus profonde sagesse9.

Résumons ce mythe si important pour les maçons.

LE MYTHE D’OSIRIS, ISIS ET HORUS

Le supplice de Seth (ou Typhon, le dieu à tête d'âne) exécuté par Horus devant Osiris.
Seth, supplicié par Horus devant Osiris.

Osiris, le dieu civilisateur, est assassiné par son frère jaloux Seth, ou Typhon (le dieu à tête d’âne). Son corps est démembré et dispersé. Isis, épouse et sœur d’Osiris, rassemble les morceaux de son corps et le ressuscite temporairement. De leur union posthume naît Horus, l’enfant de la veuve. Horus grandit et venge son père en triomphant du dieu mauvais Seth, qui est supplicié.

Ainsi les maçons — qui se dénomment eux-mêmes « les enfants de la Veuve » — ont-ils, tout comme Horus, une mission de vengeance. Reste à identifier les autres figures, celle du dieu jaloux Seth, et celle du dieu civilisateur Osiris.

Le mythe maçonnique d’Hiram, de composition beaucoup plus récente, va nous y aider.

LE MYTHE D’HIRAM ET DES TROIS MAUVAIS COMPAGNONS

Le meurtre du grand architecte du Temple de Salomon par les trois mauvais compagnons.
Le meurtre du grand architecte du Temple de Salomon par les trois mauvais compagnons.

Hiram, l’architecte légendaire du Temple de Salomon, est un maître maçon doté d’une grande sagesse et de connaissances ésotériques.
Trois compagnons jaloux et ambitieux complotent pour obtenir de force le mot secret de maître, ce qui leur permettrait de devenir maîtres eux-aussi.
Un soir, alors qu’Hiram s’apprête à quitter le temple, les trois compagnons l’interceptent à chacune des portes et exigent qu’il leur révèle le mot secret. Hiram refuse à chaque fois, fidèle à son serment. Le premier compagnon le frappe à la gorge avec une règle, le deuxième à la poitrine avec une équerre, et le troisième l’achève d’un coup de maillet sur le front.
Les meurtriers cachent le corps d’Hiram, mais celui-ci est retrouvé plus tard.
La mort d’Hiram — qui emporte avec lui le mot secret de l’initiation — symbolise la perte de la connaissance et de la sagesse.
Hiram ressuscite symboliquement lors du rituel d’élévation du compagnon au grade de maître maçon, lequel s’efforce de transmettre les connaissances ésotériques qu’il a reçues, et de retrouver la Parole du Maître qui avait été perdue à cause du meurtre.

Il est manifeste qu’Osiris et Hiram symbolisent un même personnage savant et bienveillant, victime d’un personnage jaloux et malveillant représenté, soit par Seth, soit par les trois mauvais compagnons. Les maçons, quant-à eux, sont les enfants symboliques d’Osiris et de Hiram. Ils ont pour mission de retrouver la connaissance ésotérique perdue, la Parole du Maître.

L’ENSEIGNEMENT « CACHÉ » DE LA BIBLE
La Bible expose a priori le point de vue opposé à celui de l’initié, mais ce dernier apprendra à décrypter les messages sous-jacents. Oswald Wirth l’encourage :

La tentation des parents de l'humanité par le Serpent.
La séduction d’Eve par le Serpent, symbole de l’initiation.

La Bible elle-même est précieuse pour qui sait la comprendre. La séduction d’Ève par le serpent fait allusion aux principes fondamentaux de toute initiation, de même que quantité d’autres contes plus récents9.

Le serpent apparaît donc ici comme un personnage plutôt bienveillant à l’origine de l’initiation, de la transmission d’une connaissance.

Oswald Wirth relativise ensuite la perfection du Dieu de la Bible : selon l’auteur, la Création serait imparfaite, et cela révélerait implicitement un Créateur limité. Wirth pose d’ailleurs en principe que la perfection n’existe pas (il s’oppose ainsi à la définition classique de Dieu comme l’Être de toutes les perfections) :

Comme tout n’existe que pour se faire, le parfait (ou l’achevé) s’exclut de l’existence objective (1).
(1) Si nous nous en rapportons au récit orthodoxe actuel de la chute des Anges, la perfection ne se serait pas rencontrée, même au ciel, antérieurement à toute création matérielle, puisque la plus formidable des révoltes put y éclater contre l’ordre divin. Les Beni Ælohim, ces intelligences émanées directement de Dieu, leur père, furent-elles donc entachées d’imperfection, ou des abus criants motivaient-ils de leur part un soulèvement légitime10 ?

Dans ce schéma, la révolte des anges contre l’imperfection de la Création, ou contre les « abus » de son Auteur, revêtirait donc une certaine légitimité. Notons bien que les anges ne sont pas présentés comme une création, mais comme une émanation de cette divinité contre laquelle ils se soulèvent ; émanation qui suppose donc une certaine égalité.
De fait le prince des anges révoltés (le Serpent de la Bible) tient le rôle bienveillant de révéler aux hommes leur nature. Il les incite à ne pas se contenter de leur état, à retrouver cette nature plus élevée dont ils émanent aussi, et à progresser ainsi dans l’échelle des êtres :

Le serpent séducteur symbolise un instinct particulier […] dont le propre est de faire éprouver à l’individu le besoin de s’élever dans l’échelle des êtres. Cet aiguillon secret est le promoteur de tous les progrès11.

Mais ces progrès ne peuvent se concevoir que si les hommes s’émancipent des lois dans lesquelles le Dieu de la Bible voudrait les contenir, lois symbolisées par l’interdit divin de goûter au fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal :

Dans les choses humaines, le bien et le mal aiment à s’enchevêtrer : il faut savoir les distinguer sans parti pris. Reconnaître l’un et l’autre en toutes choses est l’apanage de l’initié qui a su cueillir le fameux fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal12.

Ainsi faut-il savoir lire la Bible entre les lignes, car son enseignement est celui de ce Dieu imparfait et méchant (ne s’oppose-t-il pas au progrès de l’homme ?). Démêler le bien du mal dans les choses humaines, vécues ou révélées, constitue alors une préoccupation de l’initié. Mais comment devient-on initié ?

L’initiation maçonnique

Nature de l’initiation

Dans son livre Aperçu sur l’initiation, l’illustre théoricien de la franc-maçonnerie René Guénon13 explique que l’initiation est « la transmission d’une influence spirituelle » (sans préciser l’identité de l’esprit en question) :

Nous ne saurions mieux la caractériser [la transmission initiatique] qu’en disant qu’elle est essentiellement la transmission d’une influence spirituelle14.

Les trois conditions d’une bonne initiation

René Guénon explique les étapes et les conditions d’une bonne initiation :

L’initiation implique trois conditions qui se présentent en mode successif, et qu’on pourrait faire correspondre respectivement aux trois termes de potentialité, de virtualité et d’actualité :
la « qualification », constituée par certaines possibilités inhérentes à la nature propre de l’individu, et qui sont la materia prima sur laquelle le travail initiatique devra s’effectuer ;
la « transmission », par le moyen du rattachement à une organisation traditionnelle, d’une influence spirituelle donnant à l’être l’« illumination » qui lui permettra d’ordonner et de développer ces possibilités qu’il porte en lui ;
le « travail intérieur » par lequel, avec le secours d’« adjuvants » ou de « supports » extérieurs s’il y a lieu et surtout dans les premiers stades, ce développement sera réalisé graduellement, faisant passer l’être, d’échelon en échelon, à travers les différents degrés de la hiérarchie initiatique, pour le conduire au but final de la « Délivrance » ou de l’« Identité Suprême »15.

Si la qualification dépend de la volonté et de l’implication personnelle du récipiendaire pour acquérir la connaissance, celle-ci ne saurait suffire, la transmission ne pouvant être assurée que par les services d’une organisation initiatique traditionnelle :

Il faut que l’individu n’ait pas seulement l’intention d’être initié, mais qu’il soit « accepté » par une organisation traditionnelle régulière, ayant qualité pour lui conférer l’initiation, c’est-à-dire pour lui transmettre l’influence spirituelle sans le secours de laquelle il lui serait impossible, en dépit de tous ses efforts, d’arriver jamais à s’affranchir des limitations et des entraves du monde profane16.

Et ces organisations traditionnelles susceptibles d’assurer la transmission ne sont pas nombreuses nous dit Guénon :

Il n’en est que deux qui, si déchues qu’elles soient l’une et l’autre par suite de l’ignorance et de l’incompréhension de l’immense majorité de leurs membres, peuvent revendiquer une origine traditionnelle authentique et une transmission initiatique réelle ; ces deux organisations, qui d’ailleurs, à vrai dire, n’en furent primitivement qu’une seule, bien qu’à branches multiples, sont le Compagnonnage et la Maçonnerie17.

Peu importe si la transmission — encore appelée initiation virtuelle — est délivrée par une organisation qui ne croit plus à l’objectivité de l’influence spirituelle, nous dit René Guénon, car pour que l’initiation soit valide…

… il suffit pour cela que la « chaîne » [initiatique] ne soit pas interrompue ; et, à cet égard, la fable bien connue de « l’âne portant des reliques » est susceptible d’une signification initiatique digne d’être méditée18.

Ainsi pour les initiés spiritualistes des traditionnelles Grandes Loges, les loges non théistes et modernes du Grand Orient transmettent bien l’influence spirituelle de l’initiation. Elles la transmettent à la manière de l’âne idiot, non conscient de l’importance spirituelle des reliques qu’il transporte.

Enfin la troisième condition d’une bonne initiation — le travail intérieur — consiste en une méditation sur les symboles contenus dans les rituels :

Les symboles sont essentiellement un moyen d’enseignement, et non pas seulement d’enseignement extérieur, mais aussi de quelque chose de plus, en tant qu’ils doivent servir surtout de « supports » à la méditation, qui est tout au moins le commencement d’un travail intérieur ; mais ces mêmes symboles, en tant qu’éléments des rites et en raison de leur caractère « non humain », sont aussi des « supports » de l’influence spirituelle elle-même.
D’ailleurs, si l’on réfléchit que le travail intérieur serait inefficace sans l’action ou, si l’on préfère, sans la collaboration de cette influence spirituelle, on pourra comprendre par là que la méditation sur les symboles prenne elle-même, dans certaines conditions, le caractère d’un véritable rite, et d’un rite qui, cette fois, ne confère plus seulement l’initiation virtuelle, mais permet d’atteindre un degré plus ou moins avancé d’initiation effective19.

Les rituels maçonniques

Pour les maçons récemment reçus, les rituels apparaissent comme inutiles, voire grotesques nous concède Christophe Bourseiller :

Il y a dans la répétition des mots de passe et dans les gestes une vague singerie de religion20.

Pourtant, les hiérarchies maçonniques se montrent sourcilleuses du rituel, car explique Oswald Wirth, celui-ci opère — à l’insu de celui qui le pratique — une transformation intérieure :

Au surplus, aucun rite n’est sans valeur. Même accompli machinalement, l’acte rituélique a son efficacité. […] Bien que tout se soit fait distraitement, par habitude, le maçon, sans qu’il s’en rende compte, a été occultement influencé21

Au passage, nous mesurons là l’importance naturelle et surnaturelle du rituel reconnu par nos adversaires, et de fait l’extraordinaire trahison des autorités religieuses catholiques dans leur abandon du rituel traditionnel de la messe lors du concile Vatican II. Ne rendait-il pas Dieu présent aux fidèles, et ne leur procurait-il pas sa Grâce ?

Le travail (Grand-Œuvre) de la maçonnerie : progresser vers la divinité

Nous l’avons vu : les initiés pensent que la Création est en réalité l’émanation d’une divinité imparfaite, la perfection n’existant pas selon eux. Le progrès consiste alors à tendre vers la perfection, à ne pas se contenter du monde imparfait et de la nature humaine imposés par le Dieu imparfait ; au contraire il s’agit « s’élever dans l’échelle des êtres ». Oswald Wirth précise le travail des francs-maçons et le terme de ce Grand-Œuvre :

Il nous appartient de nous élever à la divinité en prenant conscience de notre nature véritable. L’initiation a toujours été le chemin du sanctuaire de l’Homme-Dieu. […] [L’Initié] travaille, en tant qu’ouvrier du Grand-Œuvre, à la transformation éternelle des choses. Or, remplir une fonction d’éternité en y consacrant toute son énergie, c’est vivre de cette vie divine qui réalise l’idéal unitif des mystiques22.

Dans ce travail de divinisation de l’homme, l’initiation joue un rôle capital, car…

l’Initié participe pour les deux-tiers à la nature divine et n’est plus homme que pour un tiers23.

Pour s’émanciper du joug du Dieu de la Création — et des lois de nature dans lesquelles Celui-ci voudrait la renfermer — il faut s’affranchir de la domination illégitime des représentants de ce Dieu que sont les prêtres et les rois, afin que chaque homme divinisé devienne son propre souverain.
Le ministre de l’Instruction publique Jules Ferry (1832-1893) — qui est entré en franc-maçonnerie en 1875 dans la loge La Clémente Amitié — l’a bien compris quand il déclare :

Mon but, c’est d’organiser l’humanité sans Dieu et sans roi24

Et Oswald Wirth d’exhorter les francs-maçons à ce combat perpétuel :

Il ne faut pas que la franc-maçonnerie se dissimule qu’elle a pour mission de préparer ses adhérents à une véritable royauté celle du Citoyen, souverain dans l’État moderne. […]
Ainsi compris, l’Art Royal doit être enseigné aux Républicains, car tant qu’ils n’auront pas reçu une éducation de rois, ils ne sauront pas exercer leur souveraineté. Celle-ci restera fallacieuse, jusqu’au jour où les citoyens seront pénétrés du devoir de la royauté collective qui est leur apanage.
Si, par leur moralité, ils ne s’élèvent pas au-dessus des esclaves, toutes les proclamations officielles ne changeront rien à leur sort. Sous l’étiquette la plus démocratique, ils continueront à subir le joug qu’ils n’auront pas eu l’énergie de secouer. Le renversement d’un trône ne confère pas, une fois pour toutes, la liberté. Celle-ci demande à être constamment conquise par ceux qui veulent la mériter.
Gardons-nous donc de nous endormir sur les lauriers de nos pères qui ont pris la Bastille : nous ne serons jamais libres, si nous ne savons pas sacrifier continuellement nos ambitions mesquines au bien général. Sous quelque régime que ce soit, des prêtres et des rois nous domineront, tant que nous n’aurons pas appris à supplanter nous-mêmes prêtres et rois.
Mais comment se soustraire à cette domination, sinon en s’inspirant de l’adage on ne supprime que ce qu’on remplace. Ce n’est pas en vain que l’Initié est appelé à devenir son propre Roi et son propre Prêtre25.

Afin de libérer le reste de l’humanité, l’initié cherchera à instaurer le régime politique le plus efficace, celui qui confère la souveraineté à l’homme, à la nation. La république démocratique remplit parfaitement ce rôle : par le suffrage universel, le citoyen ne décide-t-il pas du bien et du mal ? Aussi ce régime libérateur est-il élevé au rang de religion des masses dont les initiés sont les prêtres :

Propageons la Religion de la République, qui formera le cœur des citoyens et cultivera les vertus républicaines. Mais ne songeons pas à un culte officiel, à une religion d’État ; car, en nous assimilant tout l’enseignement de la maçonnerie, ou plus exactement du maçonnisme, nous sommes appelés à exercer, chacun en notre sphère, une prêtrise indépendante ne visant qu’à l’émancipation des esprits26.

Tout ceci n’est pas un fantasme d’Oswald Wirth, car c’est effectivement l’enseignement que reçoit Christophe Bourseiller au sein de rite écossais ancien et accepté, dont la devise est Ordo ab chao (l’ordre à partir du désordre) :

Où mène en fin de compte le Rite écossais ancien et accepté ? L’écossisme se distingue des religions révélées par une croyance inaltérable en l’immanence du Divin. En d’autres mots, chaque initié possède en lui une étincelle qui le relie à l’Éternel. Nous sommes tous Dieu, clament en substance les chevaliers kadosh, détenteurs du trentième degré. La voie initiatique permet d’effectuer cette ascension, en partant du chaos27.

Un Grand Œuvre réalisé sous la direction du Grand Architecte

Le Grand Architecte artisan de toute émancipation et de tout progrès

Il existerait un « Initiateur éternel », « Lumière intellectuelle incréée » et nommé « Logos » qui présiderait à la « Grande Initiation progressive » révèle Wirth :

Notre évolution, celle du monde et de tous les êtres, rentre dans le programme de la Grande Initiation progressive, dont l’Initiateur éternel prend le nom de Logos dans la doctrine platonicienne. Ce mot grec qui signifie Parole, Raison, Verbe, se rapporte, en réalité, à la Lumière intellectuelle incréée, antérieure à toutes choses28.

Ce Grand Architecte dirige la construction d’un « édifice vivant » dont les pierres sont les initiés :

La franc-maçonnerie ne prétendait pas réaliser surnaturellement l’Âge d’Or ou le règne de Dieu sur terre ; elle affirmait, au contraire, que les hommes ne doivent compter que sur eux-mêmes, puisqu’ils sont les Pierres, appelées à se tailler elles-mêmes, pour s’adapter à l’édifice vivant qui se construit sous la direction du Grand Architecte de l’Univers29.

Sans connaître a priori l’identité du Grand Architecte et ses réelles intentions, par un inexplicable acte de foi, le maçon se place sous sa domination en abdiquant sa volonté propre :

Le Progrès s’accomplit, en effet, en dehors de notre compréhension et de notre volonté, comme s’il était conçu et voulu par une puissance supérieure à la nôtre. Cette puissance inconnue coordonne les efforts diffus et stimule les énergies, afin de les faire concourir au Grand Œuvre de la Construction Universelle. Les maçons se mettent consciemment à son service ; ils s’initient en vue de mieux comprendre leur tâche et de se trouver ainsi en état de travailler plus utilement30.

Des indices sur l’identité du Grand Architecte

Du Grand Architecte, Oswald Wirth nous dit déjà ce qu’il n’est pas :

Le Maître constructeur suprême, en lequel les maçons se plaisent à reconnaître le Dieu de leurs différentes religions, se distingue en réalité de toutes les entités théologiques30

Et il insiste :

Gardons-nous donc de céder à cette paresse d’esprit qui confond le Grand Architecte des Initiés avec le Dieu des Croyants22.

Cependant nous avons déjà vu que l’artisan de l’initiation et du progrès s’identifie à un personnage bien connu de la Bible, dont nous rappelons ici la mention :

Le serpent séducteur symbolise un instinct particulier […] dont le propre est de faire éprouver à l’individu le besoin de s’élever dans l’échelle des êtres. Cet aiguillon secret est le promoteur de tous les progrès11.

Un maçon célèbre met les points sur les « i ». Il s’engage en maçonnerie pour combattre le Dieu créateur, — on ne comprend d’ailleurs pas bien s’il croit vraiment en Dieu, ou si sa révolte se porte contre le Monde qui ne lui plaît pas. Il s’agit du philosophe anarcho-socialiste Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) qui relate ainsi son initiation :

Le 8 janvier 1847, je fus reçu franc-maçon au grade d’apprenti, dans la loge de Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié, Orient de Besançon.
Comme tout néophyte, avant de recevoir la lumière, je dus répondre aux trois questions d’usage :
— Que doit l’homme à ses semblables ?
— Que doit-il à son pays ?
— Que doit-il à Dieu ?
Sur les deux premières questions, ma réponse fut telle, à peu près, qu’on la pouvait attendre ; sur la troisième je répondis par ce mot : la Guerre.
Justice à tous les hommes,
Dévouement à son pays,
Guerre à Dieu :
Telle fut ma profession de foi
31.

Sous forme plus ou moins métaphorique — mais sans ambiguïté quant à ses intentions —, Proudhon écrit dans le même livre :

Le christianisme n’est plus qu’un épisode dans la mythologie du genre humain.
La liberté, symbolisée dans l’histoire de la Tentation, est votre antichrist ; la liberté, pour vous, c’est le diable.
Viens, Satan, viens, le calomnié des prêtres et des rois, que je t’embrasse, que je te serre sur ma poitrine ! Il y a longtemps que je te connais, et tu me connais aussi.
Tes œuvres, ô le béni de mon cœur, ne sont pas toujours belles ni bonnes ; mais elles seules donnent un sens à l’univers et l’empêchent d’être absurde.
Que serait, sans toi,
– la Justice ? une idée, un instinct, peut-être ;
– la raison ? une routine ;
– l’homme ? une bête.
Toi seul animes et fécondes le travail ; tu ennoblis la richesse, tu sers d’excuse à l’autorité, tu mets le sceau à la vertu.
Espère encore, proscrit ! Je n’ai à ton service qu’une plume ; mais elle vaut des millions de bulletins32.

Des Supérieurs inconnus serviraient de relais à l’échelle mondiale

Avec les exemples de la GNLF qui dépend de la Grande loge unie d’Angleterre, et du Rite écossais ancien et accepté qui dépend du Suprême Conseil du Sud des États-Unis, nous constatons que la maçonnerie est internationale, et présente par là une certaine unité, au moins à l’échelle d’une obédience ou d’un rituel. Mais existe-t-il une structure plus vaste encore, qui ferait l’unité de toute la maçonnerie ? Tel serait le rôle des mythiques Supérieurs inconnus avec lesquels certains initiés de haut grade entreraient en contact :

Les véritables Maîtres ne sont plus des ouvriers qui taillent des blocs et les ajustent à la place requise dans le grand édifice : ils ne travaillent plus que sur la planche à tracer, c’est-à-dire intellectuellement, en concevant ce qui doit se construire. Ce sont les Intelligences constructives du Monde, puissances effectives pour les Initiés qui entrent en rapport avec les Supérieurs Inconnus de la tradition33.

L’existence de ces supérieurs serait connue depuis le début de la maçonnerie :

Peut-être les maçons du XVIIIe siècle avaient-ils des idées plus saines, lorsqu’ils révélèrent au baron de Hund l’existence de Supérieurs inconnus34.

René Guénon, avance une hypothèse sur l’identité de ces supérieurs occultes à l’origine des organisations initiatiques :

On peut comprendre également par là ce que furent véritablement ceux qui, sans appartenir eux-mêmes à aucune organisation connue (et nous entendons par là une organisation revêtue de formes extérieurement saisissables), présidèrent dans certains cas à la formation de telles organisations, ou, par la suite, les inspirèrent et les dirigèrent invisiblement ; tel fut notamment, pendant une certaine période, le rôle des Rose-Croix dans le monde occidental, et c’est là aussi le vrai sens de ce que la Maçonnerie du XVIIIe siècle désigna sous le nom de « Supérieurs Inconnus »35.

Cependant, pour Oswald Wirth, leur existence physique demeure incertaine :

Comme le rituel nous le donne à entendre, les Vrais Maîtres siègent invisibles dans une radieuse clarté, derrière l’épais rideau qui les sépare des ouvriers abandonnés à eux-mêmes dans la nuit et le deuil.
L’abandon, cependant, est plus apparent que réel, car le désir de bien faire attire l’aide mystérieuse à laquelle nous avons droit. Soyons vaillants et la voix des Maîtres retentira en nous. Mais quels sont ces guides instructeurs, ces inconnus ? La maçonnerie pose le problème sans le résoudre, comme pour inciter ses adeptes à creuser le mystère où s’enveloppe l’ultime arcane de toute initiation36.

Conclusion partielle

Au cours de notre voyage en pays initiatique, nous comprenons que la pensée maçonnique — héritière de la vieille gnose — s’oppose intrinsèquement à la vision chrétienne. Selon son enseignement traditionnel, le Dieu de la Bible serait une divinité limitée qui aurait produit une création imparfaite. En effet, Yahvé (Celui qui est, Celui qui crée) aurait commis la faute impardonnable d’avoir enfermé de la substance divine dans de la matière pour en faire des êtres humains, ceci afin de les dominer et de les asservir par sa Loi (lois naturelles et révélées). « Heureusement » un bon principe — symbolisé par le Serpent émancipateur — révèle aux initiés la connaissance de leur divinité. Il leur enjoint de désobéir au Créateur-usurpateur, de s’opposer à ses lois, de combattre ses serviteurs (les prêtres et les rois), pour établir une communauté d’hommes émancipés, une société d’hommes qui n’admettent aucune autre loi que celle qu’ils se donnent, une république universelle qui réalise l’idéal de l’autonomie, l’idéal de l’homme-dieu.

Évidemment, tous ceux qui entrent en maçonnerie ne sont pas conscients de ces objectifs, d’autant que des obédiences comme le Grand Orient ne sont même pas théistes. Pour ces maçons athées, il reste que l’initiation qu’ils reçoivent, et le rituel qu’ils pratiquent (on se demande bien pourquoi), revêtent clairement un caractère religieux. On s’interroge alors sur la rationalité de ceux qui se placent volontairement sous la domination de maîtres dont ils ignorent l’identité, au sein d’une organisation dont les intentions véritables leur sont cachées, puisque le « travail intérieur » de l’initiation consiste précisément à les découvrir. Et, les ennemis de Dieu ne se trompent pas sur l’objectif de la maçonnerie, puisque nous avons vu, qu’à l’instar de Proudhon, ils y rentrent pour Le combattre.

Cependant la franc-maçonnerie, malgré ses divisions, conquiert tous les pays. Comment s’y prend-elle  ? Quelle peut être sa méthode ?

 

À suivre…

 

 

  1. Marianne, 11-17 janvier 2024 : « Pour ou contre l’aide à mourir ».
  2. Nous remercions le Professeur Jean-Claude Lozachmeur, dont le livre Les fils de la veuve et dont les travaux érudits ont été d’un grand secours dans la rédaction de cet article.
  3. Paul Naudon, La franc-maçonnerie, « Rites et obédiences », Presses Universitaires de France, col. Que sais-je ?, 2009, p. 94-118.
  4. Christophe Bourseiller, Un maçon franc, récit secret, Éditions Alphée, Monaco, 2010, p. 50-51.
  5. Oswald Wirth, La franc-maçonnerie rendue intelligible ses adeptes, sa philosophie, son objet, sa méthode, ses moyens, tome III (Le livre du Maître), Dervy, Paris, 1977, p. 231-232.
  6. Christophe Bourseiller, Op. cit., p. 79.
  7. Oswald Wirth, Op. cit., p. 25.
  8. Aristote, Éthique à Nicomaque, [1111 a], Agora – Les Classiques, col. Presse-Pocket, trad. Jean Defradas, Angleterre, 1992, p. 74.
  9. Oswald Wirth, Op. cit., p. 13.
  10. Oswald Wirth, Op. cit., p. 89.
  11. Oswald Wirth, La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes, tome II (Le livre du Compagnon), Dervy, Paris, p. 92.
  12. Oswald Wirth, La franc-maçonnerie rendue intelligible ses adeptes, sa philosophie, son objet, sa méthode, ses moyens, tome III (Le livre du Maître), Dervy, Paris, 1977, p. 22.
  13. Dans son Dictionnaire critique de l’ésotérisme, J.-P. Laurant précise à l’article « René Guénon », pp. 576-578 :
    « Il est né en 1886 à Blois. De formation scientifique, il se dirige ensuite vers la philosophie. Durant la même période, il fréquente divers milieux occultistes, dont l’Ordre Martiniste de Papus et l’Église gnostique universelle de Jules Doinel (1842-1902), René Guénon y sera évêque et dirigera la revue de cette « église », La Gnose, de 1909 à 1912, et des loges maçonniques, dont la Loge Humanidad et la Loge Thébah, émanation de la Grande loge de France. Il côtoie alors le mage Papus, pseudonyme de Gérard Encausse (1865-1916).
    En 1912, il entame des études de philosophie et devint admissible à l’agrégation de philosophie en 1917, il enseignera notamment à Sétif puis à Blois.
    Contrairement à ses contemporains, il ne chercha pas à être un chef d’école.
    Dès ses premiers livres, il rejeta la modernité et le positivisme.
    Déçu par l’accueil fait à ses travaux dans les milieux catholiques, il partit en voyage en 1930 — il devait gagner l’Inde — et s’installa en Égypte où converti à l’islam, il devint Abdel Wahid Yahia et épousa la fille d’un Cheikh soufi. Il mourut en Égypte en 1951.
    Il eut une influence considérable à la fois sur les milieux traditionalistes [comprendre : « milieux de la gnose traditionnelle » (note de VLR)] et maçonniques et sur les milieux artistiques et littéraires. »
  14. René Guénon, Aperçu sur l’initiation, Éditions traditionnelles, France, 2005, p. 33.
  15. René Guénon, Op. cit., p. 34.
  16. René Guénon, Op. cit., p. 39.
  17. René Guénon, Op. cit., p. 41.
  18. René Guénon, Op. cit., p. 59.
  19. René Guénon, Op. cit., p. 199-200.
  20. Christophe Bourseiller, Op. cit., p. 50-51.
  21. Oswald Wirth, Op. cit., p. 39.
  22. Oswald Wirth, Op. cit., p. 133.
  23. Oswald Wirth, Op. cit., p. 113.
  24. Jules Ferry, cité par Jean Jaurès, « Préface aux Discours parlementaires », Le socialisme et le radicalisme en 1885, Présentation de Madeleine Rebérioux, « Ressources », réédition Slatkine, 1980, p. 28-29..
  25. Oswald Wirth, Op. cit., p. 26-27.
  26. Oswald Wirth, Op. cit., p. 41.
  27. Christophe Bourseiller, Op. cit., p. 132.
  28. Oswald Wirth, Op. cit., p. 65.
  29. Oswald Wirth, Op. cit., p. 63.
  30. Oswald Wirth, Ibidem.
  31. Pierre-Joseph Proudhon, De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome II, Librairie Garnier Frères, Paris, 1858, p. 208.
  32. Pierre-Joseph Proudhon, Op. cit., p. 540.
  33. Oswald Wirth, Op. cit., p. 130.
  34. Oswald Wirth, Op. cit., p. 57.
  35. René Guénon, Op. cit., p. 69.
  36. Oswald Wirth, Op. cit., p. 64.
Translate »
Retour en haut