Église/État
Ne vous ingérez point dans les affaires ecclésiastiques. Ne nous prescrivez rien là-dessus. Apprenez plutôt de nous ce que vous en devez croire. Dieu vous a donné le gouvernement de l’Empire et à nous celui de l’Église. Quiconque ose attenter à votre autorité s’oppose à l’ordre de Dieu. Prenez garde vous-même de vous rendre coupable d’un grand crime en usurpant l’autorité de l’Église. Il nous est ordonné de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Il ne nous est pas permis de nous attribuer l’autorité impériale. Vous n’avez aussi aucun pouvoir dans le ministère des choses saintes.
Ossius de Cordoue (évêque), Lettre à l’empereur Constance, cité par Marcel Pacaut, La théocratie, Desclée, Paris, 1989, p.16.
Que les princes du siècle sachent que Dieu leur demandera des comptes au sujet de l’Église confiée par lui à leur protection […] la paix et la discipline ecclésiastique doivent se consolider par l’action des princes fidèles
Saint Isidore de Séville, Sententiarum libri tres, III, 51, cité par Jean-François Lemarignier, La France médiévale, Armand Colin, collection U, Paris, 2002, p.65.
Il y a deux organismes, auguste empereur, par lesquels ce monde est souverainement gouverné : l’autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal. Mais la puissance des prêtres est d’autant la plus lourde qu’ils devront, au Jugement dernier, rendre compte au Seigneur des rois eux-mêmes. En effet, tu le sais, fils très clément, bien que tu commandes le genre humain par ta dignité, tu baisses cependant la tête avec respect devant les prélats des choses divines ; tu attends d’eux, en recevant les sacrements célestes, les moyens de ton salut, et, tout en disposant d’eux, tu sais qu’il faut être soumis à l’ordre religieux plutôt que le diriger… Si, en effet, pour tout ce qui regarde l’ordre public, les prélats de la religion reconnaissent l’Empire qui t’a été conféré par une disposition surnaturelle et obéissent à tes lois, avec quelle affection dois-tu alors leur obéir, à eux qui dispensent les mystères divins.
Gélase I (pape), Lettre à l’empereur Anastase (494 ap. JC), cité par Marcel Pacaut, La théocratie, Desclée, Paris, 1989, p.20.
Quel bonheur aussi si le glaive du royaume se joint au glaive du sacerdoce, de telle sorte que le glaive du roi rend plus aigu celui du prêtre […] Lorsqu’en effet le royaume et le sacerdoce sont unis par le Seigneur en une heureuse alliance, le premier progresse, le second grandit, l’un et l’autre sont honorés
Saint Pierre Damien, Disceptatio synodalis inter regis advocatum et Romanæ ecclesiæ defensorem, cité par Marcel Pacaut, La théocratie, Desclée, Paris, 1989, p.57.