Fascisme
Nous qui détestons intimement tous les christianismes, aussi bien celui de Jésus que celui de Marx, nous gardons une extraordinaire sympathie pour cette entreprise dans la vie moderne du culte païen de la force et de l’audace.
Mussolini, éditorial « Vecchie usanze », Il Popolo d’Italia, 12 décembre 1919.
Le fascisme est une croyance qui atteint le niveau d’une religion.
Mussolini, « Vincolo di sangue », Il Popolo d’Italia, 19 Janvier 1922.
Nous avons déchiré toutes les vérités révélées, craché sur tous les dogmes, repoussé tous les paradis, bafoué tous les charlatans — blancs, rouges, noirs — qui mettent dans le commerce les drogues miraculeuses pour donner le bonheur au genre humain. Nous ne croyons pas aux programmes, aux schèmes, aux saints, aux apôtres ; surtout, nous ne croyons pas au bonheur, au salut, à la terre promise […] Revenons à l’individu. Nous appuyons tout ce qui exalte, amplifie l’individu, lui donne plus de bien-être, de liberté, une plus grande latitude de vie ; nous condamnons tout ce qui déprime, mortifie l’individu. Deux religions se disputent aujourd’hui la domination des esprits et du monde : la noire et la rouge. De deux Vaticans partent aujourd’hui les encycliques : celui de Rome et celui de Moscou. Nous sommes les hérétiques de ces deux religions.
Mussolini, éditorial « Navigare necesse ! », Il Popolo d’Italia, 1er janvier 1920.
[Le fascisme] une idéologie qui, explicitement, se résout en une vraie et propre statolâtrie païenne, en plein conflit tout autant avec les droits naturels de la famille qu’avec les droits surnaturels de l’Église.
PIE XI (pape), Lettre encyclique du 29 juin 1931 contre le fascisme Non abbiamo bisogno, Actes de S.S. Pie XI, tome VII (année 1931), Maison de la Bonne Presse, p. 207, Paris, 1936.
[…] non qu’on puisse, de ce qu’elle est réactive, déduire que la pensée fasciste est contre-révolutionnaire, comme par exemple l’est celle de Bonald. Car elle aussi, tout comme la pensée démocratique, a perdu l’ancrage religieux du politique, et ne peut prétendre à la restauration d’une communauté humaine conforme à l’ordre naturel ou providentiel. Elle aussi, comme le léninisme, est plongée dans l’immanence ; elle ne laisse pas l’individualisme moderne comme contraire à l’ordre divin, puisqu’elle y voit au contraire le fruit du christianisme ; si elle souhaite passionnément le déraciner, c’est aussi à travers des figures de l’histoire, comme la nation, ou la race. En ce sens la détestation des principes de 89 par le fascisme n’empêche pas celui-ci d’être révolutionnaire, si l’adjectif renvoie à la volonté de renverser la société, le gouvernement et le monde bourgeois au nom de l’avenir.
François Furet, Le passé d’une illusion, Robert-Laffont/Calmann-Lévy, Paris, 1995, p. 48 .