Quelle est la situation de la monarchie dans la philosophie politique ? Quel est le modèle historique de la monarchie française, et enfin, quel est son héritage ? Telles sont les questions abordées par Guy Augé dans cette remarquable synthèse.

On voit que, si le consul ou le roi ont seigneurie sur les autres au regard de la route à suivre, il n’empêche qu’au regard du but ils sont serviteurs des autres : et le Monarque principalement, qu’il faut tenir sans doute aucun pour le serviteur de tous. Ainsi enfin peut-on connaître dès ce point que l’existence du Monarque est rendue nécessaire par la fin qui lui est assignée, d’établir et maintenir les lois. Adonc le genre humain, quand il est rangé sous le Monarque, se trouve au mieux ; d’où il suit qu’une Monarchie est nécessaire au bien-être du monde.
Dante Alighieri, Monarchia, livre I, chap. XII, 12-13, Œuvres complètes de La Pléiade, p. 651.
Qu’est-ce que la monarchie, en première approximation ? C’est, substantiellement, ce régime qui légitime son autorité sur une transcendance, sur la primauté du spirituel.
Guy Augé, La Science historique, n 26, printemps-été 1992, « Qu’est-ce que la monarchie ? », p. 49.
La monarchie, en liant les intérêts d’une nation à ceux d’une famille riche et puissante, constitue le système de plus grande fixité pour la conscience nationale. La médiocrité du souverain n’a même en un tel système que de faibles inconvénients.
Ernest Renan, La réforme intellectuelle et morale, Michel Lévy Frères, Paris, 1871, p. 71.
La France est certainement monarchique ; mais l’hérédité repose sur des raisons politiques trop profondes pour qu’elle les comprenne. Ce qu’elle veut, c’est une monarchie sans la loi bien fixe, analogue à celle des Césars romains. La maison de Bourbon ne doit pas se prêter à ce désir de la nation ; elle manquerait à tous ses devoirs si elle consentait jamais à jouer les rôles de podestats, de stathouders, de présidents provisoires de républiques avortées. On ne se taille pas un justaucorps dans le manteau de Louis XIV.
La maison Bonaparte, au contraire, ne sort pas de son rôle en acceptant ces positions indécises, qui ne sont pas en contradiction avec ses origines et que justifie la pleine acceptation qu’elle a toujours faite du dogme de la souveraineté du peuple.
Ernest Renan, La réforme intellectuelle et morale, Michel Lévy Frères, Paris, 1871, p. 73-74.
Quelle est la situation de la monarchie dans la philosophie politique ? Quel est le modèle historique de la monarchie française, et enfin, quel est son héritage ? Telles sont les questions abordées par Guy Augé dans cette remarquable synthèse.
Qu’est-ce que la nation ? et le patriotisme ou le nationalisme ? Force est de constater que ces mots appartiennent au vocabulaire de la modernité. Les premiers à prétendre « représenter la Nation » sont les parlements, ces cours de justice censées conseiller le roi et rendre la justice en son nom. Louis XV leur répond en défendant l’État de justice, l’hétéronomie et la rationalité dans son célèbre Discours de
L’édit de 1717 revient sur une modification des règles de la succession royale que Louis XIV avait tenté d’opérer quelques années plus tôt par l’édit de Marly de juillet 1714. À cette époque, le Roi a voulu — en cas d’extinction de tous les mâles légitimes de la dynastie — habiliter à régner deux fils illégitimes. Les hommes de l’Ancien Régime, comme les historiens modernes, considéraient généralement que des lois
En 1700, l’Espagne réclame à Louis XIV son petit-fils Philippe duc d’Anjou comme souverain. Le grand roi accepte, mais devant l’éventualité d’une union de l’Espagne et de la France sous une même couronne, l’Europe entre en guerre contre les deux pays. Pour mettre fin à un long et cruel conflit, Louis XIV et Philippe V signent en 1713 la paix d’Utrecht dans laquelle le nouveau roi d’Espagne est contraint de
Dans sa Grande Étude Confucius dit : « Ceux qui désiraient bien gouverner leurs royaumes, s’attachaient auparavant à mettre le bon ordre dans leurs familles […] la famille étant bien dirigée, le royaume est ensuite bien gouverné ; le royaume étant bien gouverné, le monde ensuite jouit de la paix et de la bonne harmonie. » C’est précisément sur le modèle familial que s’est construite et développée notre monarchie française ainsi que
En cette époque sombre où la modernité dévoile désormais sans masque ses ambitions totalitaires, en ces temps de détresse où s’étend le spectre des guerres civiles, les principes de légitimité — fondés sur la loi naturelle — se dressent comme une bannière d’espoir et de paix. « Légitimistes de tous les pays, unissez-vous ! », voilà qui pourrait résumer l’ambition du site de la Charte de la légitimité Vexilla Regis
Le Roi consacre le Royaume à la Sainte Vierge. Louis XIII et Anne d’Autriche se marient en 1615, mais vingt-deux ans plus tard, au désespoir de tout le peuple de France, leur union demeure stérile. Enfin en 1638, après bien des pèlerinages, bien des prières à cette intention, le couple royal attend un enfant, il sera nommé Louis-Dieudonné, c’est le futur Louis XIV. Celui-ci n’est pas encore né que le
Avec des accents tout confucéens Bossuet rappelle la nécessité pour tout homme d’exercer sa raison, « cette lumière admirable, dont le riche présent … vient du ciel » et « par laquelle Dieu a voulu que tous les hommes fussent libres ». Acquérir l’esprit de discernement, apprendre à résister à l’esclavage des passions, entraîner son attention, tel est précisément le rôle de l’éducation. C’est pour faire du fils de Louis XIV un
Hétérogène aux idéologies, il [le légitimisme] ne peut, sans se renier, s’en adultérer. Les « fusions » de type orléaniste prétendant réconcilier le principe légitimiste avec celui, qui lui est diamétralement contraire, de la souveraineté populaire — et accessoirement marier l’idéal et le lucre — sont l’exemple le plus absurde, et le plus choquant, de ces mésalliances conjoncturelles. Le « compromis nationaliste » n’a pas plus de consistance ou de logique,
Au moment où Claude de Seyssel écrit sa Monarchie de France, cet étranger, ancien conseiller du roi de France, est archevêque de Turin. Retiré de toute vie politique, il nous livre un témoignage irremplaçable sur les principes qui animent une institution qu’il admire, sur le souci constant des souverains d’établir le bien commun, cette harmonie qui existe entre les hommes quand chacun reçoit ce qui lui est dû, fût-ce le