L’Introduction à la légitimité est un livre de philosophie politique qui recherche l’origine de cette obéissance libre présente dans nombre de sociétés traditionnelles, mais dont Alexis de Tocqueville déplore la disparition* dans les sociétés de la modernité. L’ouvrage constitue une synthèse des travaux de recherche et de formation menés, depuis plus de vingt ans, au sein de l’Union des Cercles Légitimistes de France. Il propose une série d’articles indépendants et abondamment illustrés d’exemples, dont la chronologie suit une logique pédagogique. Y sont mis en lumière la rationalité d’une pensée politique traditionnelle qui sollicite l’intelligence pour découvrir le vrai, le bien et le beau afin de s’y soumettre, quand la politique moderne mobilise plus la volonté pour imposer l’idéologie du moment. À bien des égards, l’Introduction à la légitimité constitue un livre de terrain tant les situations de subversion décrites sont courantes, mais plus rarement identifiées. Le texte qui suit rassemble deux recensions faites par Virginie Vota, critique littéraire et influenceuse, ainsi que Marie-Pauline Deswarte, Professeur de droit public. [La Rédaction]
- Alexis de Tocqueville, L’Ancien régime et la Révolution1, chap. XI, Michel Lévy Frères, libraires éditeurs, Paris, 1860, p. 198-199.
Table des matières
Brève recension de Virginie Vota (critique littéraire)
Sur son compte Instagram Virginie Vota présente cette recension de l’Introduction à la légitimité :
Pour vous présenter ce livre, je vais commencer par la conclusion : plutôt que de dénoncer les maux, il convient de remonter jusqu’aux causes afin de comprendre comment l’essence de notre pays (et les cultures francophones) a subi une telle mutation. Pourquoi, les dirigeants républicains déclarent « qu’il n’y a pas de culture française », ou utilisent un vocabulaire corroborant la rupture avec notre Passé : « la France d’aujourd’hui/de demain » ?
Peut-être affirmerez-vous que les principes du droit royal français (légitimité) appartiennent à un autre temps. Qu’ils n’ont plus d’utilité aujourd’hui. Qu’il ne faut pas rester bloqué dans le passé.
Pourtant, c’est bien à « la France d’hier » ou à la « France éternelle » que nous devons nos racines, notre identité — oserais-je dire, notre fierté. C’est bien de cette France que sont issus les écrivains que nous lisons et les héros que nous admirons. Et le patrimoine architectural qui nous émerveille tant.
Notre culture et notre langue perdurent grâce à la transmission des idées, des valeurs, de l’Histoire. C’est pourquoi, nonobstant notre opinion politique sur la forme de gouvernement idéale, ce livre devrait être mis entre toutes les mains. Cet ouvrage nous immerge dans la Philosophie du Droit, sur les traces du Professeur Guy Augé.
Il regroupe une collection d’articles qui abordent la question Politique au sens classique ou aristotélicien : la recherche du Beau et du Vrai. La Rédaction l’a conçu comme « un instrument de travail » ou un support de réflexions sur la meilleure forme de gouvernement. Il répond notamment à toutes les interrogations autour de la Légitimité, soit le droit royal français : quelles sont ses caractéristiques ? Quel est le statut de la Couronne ? Comment réfuter les arguments des modernistes ou des révolutionnaires ?
Ces principes constituent le fondement de notre civilisation, et le socle de notre patrimoine historique.
Merci @vive.le.roy
Recensions de Marie-Pauline Deswarte (Professeur émérite de droit public)
Le Pr. Marie-Pauline Deswarte propose une analyse fouillée du livre Introduction à la légitimité dans son article « Retrouver la légitimité » tiré de la revue Action Familiale & Scolaire dans le numéro de février 2023 (N° 285) :
Le constat d’un engrenage mortifère
Dans un premier temps, M.-P. Deswarte dresse le constat amer d’une société moderne opposée à la vie, minée par les idéologies qui lui imposent des modèles de transition : transition du modèle social, transition énergétique, transition numérique, transition climatique et transition démographique, ou remplacement de la population française… puis elle continue :
[…] Pour qui refuse cette course inexorable à la disparition de notre pays, le combat s’impose. Notre société est traversée plus que jamais par la quête du bon régime. Les dérives actuelles dont nous avons fait état ont le mérite de nous montrer que ce « bon régime » est celui qui est ouvert sur la vie2. Toute notre histoire témoigne de ce que la France a toujours recherché un tel régime. Elle l’a trouvé, en a retiré une doctrine qui ne demande qu’à être redécouverte, rénovée, affinée, développée.
La jeunesse de notre pays est particulièrement sensible à cette quête. Loin de la nostalgie d’un « c’était mieux avant », elle est capable de ce travail de reconquête des esprits. Nous n’en voulons pour preuve que la parution du livre, Introduction à la Légitimité, réalisé par l’Union des Cercles légitimistes de France.
Il faut de l’audace pour embrasser un tel sujet. Les auteurs qui ne prétendent pas à une doctrine aboutie, présentent leur ouvrage comme un « instrument de travail » à poursuivre. Ils proposent une série d’articles, de commentaires, élaborés particulièrement depuis les travaux de Guy Augé, concernant la monarchie traditionnelle. Ce n’est pas tant le régime monarchiste qui nous intéresse ici, que le débat sur la « légitimité » qu’ils nous exposent.
Durant plus d’un millénaire, cette légitimité a été le fondement de la société de vie de l’ancienne France : elle nous a façonnés, tant dans notre vie privée que publique. Étant donné le désarroi contemporain, nous serions bien inspirés de nous la réapproprier pour éviter de disparaître. La légitimité a permis à l’institution royale de générer « une communauté naturelle » formée de peuples très différents, tout en garantissant leurs identités et leurs libertés. Ces dernières étaient garanties, non pas par un « État de droit » cher à la pensée moderne, mais par un « État de justice ».
La légitimité, fondement d’une communauté de vie
Nos auteurs partent du constat suivant : les sociétés révolutionnaires, dont la nôtre, sont des « constructions artificielles ». Très éloignées de la loi naturelle et du réel, elles n’ont pas de fondement assuré, car l’autorité et le pouvoir n’y sont pas légitimés de la même façon que dans les sociétés traditionnelles.
Dans la pensée traditionnelle, le pouvoir est une puissance : c’est une notion neutre. Par contre, l’autorité est un pouvoir moral, celui de gouverner pour le bien commun, pour guider les hommes vers leur fin. Le droit monarchique de la société traditionnelle de l’ancienne France était dans cette perspective. On a dit qu’il était le droit d’un régime naturel fondé sur l’hétéronomie. Cela signifie qu’il admettait une loi supérieure à l’arbitraire d’une volonté humaine : l’autorité était légitimée sur la transcendance. Était légitime ce qui était « conforme à la loi de Dieu et aux traditions du pays » qui en découlaient (Mgr de Ségur). Richelieu disait que si le roi ne suivait pas la volonté de Dieu, il ne pouvait espérer faire observer les siennes par ses sujets. Le souverain devait donc se soumettre à une loi qu’il n’avait pas choisie. C’est à cette condition qu’il conservait son autorité.
Les modernes, quant à eux, confondent pouvoir et autorité. En refusant la transcendance, ils empêchent en effet qu’une autorité soumise à la loi morale vienne limiter la puissance du pouvoir.
La vertu et la morale n’ont rien à faire en politique. Celle-ci, comme nous l’a montré Machiavel, est simplement l’art de conquérir et garder le pouvoir. Y réussit celui qui se lie « l’opinion de la majorité ». Son autorité découle alors, non plus de Dieu, mais de cette « opinion » qui l’agrée.
Les penseurs politiques qui ont suivi, à commencer par M. Weber, ont ainsi réduit la politique à une « compétition pour le pouvoir », pensée en dehors de toute considération sur la « nature humaine ». « Le moyen décisif en politique est la violence » concluait-il. Nos auteurs donnent un excellent panorama de la présence de cette violence qui se répand dans l’ensemble de la société moderne.
Il faut y ajouter les conséquences pour la Loi. Pour être acceptée, celle-ci est présentée, non pas comme « le fruit d’une autorité bien identifiée », mais « comme l’expression de la Volonté générale ». Elle devient relative car, légitimée par la « seule volonté de la majorité » et non par les lois du bon, du bien et du vrai qui « transcendent la société ».
Comme l’a remarqué H. Arendt, l’État moderne libéré ainsi de toute autorité traditionnelle, s’oriente vers un pouvoir de moins en moins humain, de plus en plus « rationnel3 », désincarné et bureaucratique. L’individualisme et l’absence de corps intermédiaires qui en résultent, réduisent la société à n’être qu’une simple masse, incapable de réaction, mais censée exprimer l’opinion publique. Bien loin d’être un contre-pouvoir, cette opinion est utilisée pour « légitimer une politique et renforcer les rapports de force » qui la fondent.On comprend mieux pourquoi, face à la politique traditionnelle de la monarchie chrétienne, la démocratie ne tient pas : elle a une incapacité à réaliser le bien commun. L’élection amène au mépris du peuple, à l’obéissance servile. Une idée très intéressante dégagée de cette analyse est qu’on ne peut avoir ni respect ni amour pour des parents qui oublient de faire grandir. Le comte de Chambord avait les paroles d’un père, il s’appuyait sur les vertus de la France et le développement des nobles instincts.
Une telle légitimité [la légitimité moderne fondée sur l’opinion (note de VLR)] ne demande qu’à être manipulée, ce à quoi la modernité s’applique avec le succès que l’on sait. Dans cette masse informe de la société dépourvue du contre-pouvoir des corps intermédiaires, la manipulation passe par ce qu’Adrien Loubier désigne « un certain genre de groupe », nommé aussi « groupes réducteurs » qui structurent notre société : syndicats, partis, groupes de travail, groupes d’action catholique, etc. Très variés, ils fonctionnent tous de la même façon, comme les sociétés de pensée issues de la Révolution. Augustin Cochin a montré que, par-delà leur diversité, ils avaient tous le même rôle, celui de subvertir la pensée réaliste et, in fine, de transformer les hommes. Toute la société est concernée par leurs méthodes, y compris l’Église.
Il est donc important de les détecter et d’approfondir ce travail de sape dans notre société. Le livre s’y emploie en donnant expériences et précieux conseils pour des travaux à venir.
Le fondement divin de la légitimité
Arrêter le moteur de la Révolution pour revenir à la légitimité de la loi naturelle s’avère donc une entreprise difficile qui ne peut pas faire l’économie de la Vérité. Nos auteurs n’éludent pas ce problème qui demande lui aussi à être approfondi. Quand on dit que la loi naturelle ne peut être mise au suffrage universel, nous voyons bien que la question du divin ne peut être éludée indéfiniment comme c’est le cas dans notre système républicain.
Maurras, auquel nos auteurs consacrent de profonds et longs développements, illustre bien ce propos.
Tout en paradoxe, il est celui qui a très heureusement défendu l’Église et le catholicisme, mais tout en étant par son positivisme, hostile à l’alliance du Trône et de l’Autel. Pourtant, cette alliance est à la fondation de notre pays ; le Président Macron pourrait d’ailleurs s’en inspirer s’il voulait aller au bout de son propos. En bon positiviste, Maurras défend la loi du progrès et de l’évolution, dans la lignée d’Auguste Comte.
Avec son fameux « empirisme organisateur », il entend démontrer scientifiquement par l’Histoire qu’il existe un ordre progressif du monde dont il tire des recettes. Cette méthode lui permet de constituer un système politique où Dieu n’est pas nécessaire, à la fois « parfaitement laïque, strictement rationnel, pur de toute mysticité ».
À cet « empirisme », il joint le « nationalisme » dans lequel il présente la Nation comme la déesse de la patrie, immortelle comme la race. Faute d’une pensée métaphysique assurée, il l’assimile à une personne, douée d’une intelligence et d’une âme et qui espère. Elle peut donc faire l’objet d’un culte et remplacer Dieu.
Ainsi, Maurras ne cherche pas vraiment à restaurer une tradition. Bien plus, il emboîte le pas à la laïcisation moderne des mentalités. Nos auteurs s’inscrivent en faux contre son analyse de la nation, transcendance à la place de Dieu. Certes, ils notent que Maurras reconnaît au catholicisme le mérite de proposer « la seule idée de Dieu tolérable », mais il l’attribue au fait que seule l’Église présente une armature capable de maintenir l’ordre et la stabilité. Son absence de vision nette sur la nature de l’homme l’empêche de comprendre les devoirs moraux de l’État. […]
Conclusion [titre de VLR]
Nous recommandons la lecture, à notre sens très pédagogique, des développements qui visent à déconstruire le mythe de la Nation ainsi qu’à « dégager les principes de légitimité susceptibles d’une adhésion universelle ». Le nationalisme, comme le libéralisme, nient la transcendance du Dieu créateur et sa loi naturelle. La civilisation traditionnelle et son ordre harmonieux sont les fruits de cette transcendance. La décadence actuelle résulte de son abandon. En bonne politique, l’Introduction à la Légitimité nous prouve que Dieu est incontournable. Il nous prémunit contre le culte de l’homme né à la Révolution et le culte que le citoyen se rend à lui-même. Face à ce choix, nous sommes actuellement à la croisée des chemins !
Marie-Pauline Deswarte
Penser la légitimité dans Valeurs actuelles
Marie-Pauline Deswarte a fait une seconde recension d’Introduction à la légitimité dans l’article « Penser la légitimité » paru dans le magazine Valeurs Actuelles du 4 décembre 2022.
Les modernes confondent pouvoir et autorité, déplore le professeur émérite de droit public, qui fait une proposition audacieuse : renouer avec la transcendance en politique. Tribune. Par Marie-Pauline Deswarte
Sommaire du livre Introduction à la légitimité
Note sur le droit royal français, par Guy Augé
Le combat légitimiste
Antigone, héroïne de la loi naturelle
Autorité et pouvoir chez les classiques
Autorité et pouvoir chez les modernes
Leçons de démocratie
Groupes réducteurs et noyaux dirigeants
Principe du moteur de la Révolution
Charles Maurras et le positivisme
Charles Maurras et l’empirisme organisateur
Charles Maurras et le nationalisme
Synthèse légitimiste
Lettre de Jeanne d’Arc aux habitants de Riom
Annexes
Glossaire
Où trouver le livre ?
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Introduction à la légitimité, 307 pages, 23 €, ISBN : 978-2-36463-631-6
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Problématique du livre Introduction à la légitimité
Pour beaucoup, le bon gouvernement dépend principalement des bonnes dispositions de son chef. Ceux-là recherchent le « saint roi », le « saint président », aussi, en attendant l’homme providentiel, se contentent-ils de voter pour le « moins mauvais ». Plus rares sont ceux qui se posent la question cruciale du régime, de la forme de l’institution politique… Or, le philosophe Léo Strauss (1899-1973) rappelle que :
La question principale de la philosophie politique classique est la question du meilleur régime. […] Aristote dit que le bon citoyen pur et simple n’existe pas. Car ce que signifie être un bon citoyen dépend entièrement du régime considéré. Un bon citoyen dans l’Allemagne hitlérienne serait partout ailleurs un mauvais citoyen.
Mais tandis que le bon citoyen est relatif au régime, l’homme bon n’a pas cette relativité. La signification d’homme bon est partout et toujours la même. L’homme bon ne se confond avec le bon citoyen que dans un seul cas — dans le cas du meilleur régime. Car c’est seulement dans le meilleur régime que le bien du régime et le bien de l’homme bon sont un seul et même bien, le but de ce régime étant la vertu 4.
La quête du bon régime constitue précisément l’objet de la pensée légitimiste, et ce livre présente une synthèse des travaux menés au sein des cercles de l’Union des Cercles Légitimistes de France. On y retrouvera développés la plupart des thèmes dont se servait en 1977 l’historien du droit Guy Augé 5 pour caractériser la monarchie traditionnelle :
La Royauté légitime ne s’offre pas en panacée ; elle est une institution éprouvée par l’histoire, dotée d’un statut, d’une finalité, d’une méthode. C’est peu ? Mais c’est considérable. S’il fallait condenser en quelques propositions une sorte de contenu doctrinal essentiel, on pourrait citer, à titre d’exemples :
– la reconnaissance de l’origine divine du pouvoir ;
– le respect de la morale naturelle ;
– le souci de l’ordre et de la justice (dans ses deux espèces, distributive et corrective) ;
– l’observation réaliste de la nature sociale et le sens du dialogue qui s’y rattache ;
– la distinction du spirituel et du temporel, et l’ordination de la politique à sa finalité naturelle du bien commun ;
– la défense de la nation française dans son intégrité territoriale, comme cadre contemporain nécessaire à une revendication dynastique ;
– l’application du principe de subsidiarité, riche d’effets pratiques ;
– le rejet de la république (entendue comme non-royauté) ;
– le refus de la démocratie (qu’elle apparaisse sous sa forme classique et technique d’antithèse de la monarchie, ou sous sa forme moderne virulente de prétention totalitaire à incarner le seul principe de légitimité admissible) 6.
D’un point de vue formel, cet ouvrage a été conçu comme un instrument de travail. Il présente une collection d’articles indépendants mais dont la chronologie suit une logique pédagogique. De cette façon, il pourra servir de support à un groupe d’étude désirant aborder la pensée légitimiste. Le choix de cette structure explique aussi certaines redondances — en particulier des répétitions de citations — que le lecteur voudra bien pardonner. Enfin, précisons que ces textes constituent une synthèse des connaissances acquises dans les cercles au moment de la parution du livre. Or, la recherche progressant, certaines notions sont susceptibles de corrections ou de compléments dans les futures éditions.
[la suite ici]
- « Il faut bien se garder, d’ailleurs, d’évaluer la bassesse des hommes par le degré de leur soumission envers le souverain pouvoir : ce serait se servir d’une fausse mesure. Quelque soumis que fussent les hommes de l’ancien régime aux volontés du roi, il y avait une sorte d’obéissance qui leur était inconnue : ils ne savaient pas ce que c’était que se plier sous un pouvoir illégitime ou contesté, qu’on honore peu, que souvent on méprise, mais qu’on subit volontiers parce qu’il sert ou peut nuire. Cette forme dégradante de la servitude leur fut toujours étrangère. Le roi leur inspirait des sentiments qu’aucun des princes les plus absolus qui ont paru depuis dans le monde n’a pu faire naître, et qui sont même devenus pour nous presque incompréhensibles, tant la Révolution en a extirpé de nos cœurs jusqu’à la racine. Ils avaient pour lui tout à la fois la tendresse qu’on a pour un père et le respect qu’on ne doit qu’à Dieu. En se soumettant à ses commandements les plus arbitraires, ils cédaient moins encore à la contrainte qu’à l’amour, et il leur arrivait souvent ainsi de conserver leur âme très libre jusque dans la plus extrême dépendance. Pour eux, le plus grand mal de l’obéissance était la contrainte ; pour nous, c’est le moindre. Le pire est dans le sentiment servile qui fait obéir. Ne méprisons pas nos pères, nous n’en avons pas le droit. Plût à Dieu que nous pussions retrouver, avec leurs préjugés et leurs défauts, un peu de leur grandeur ! » (Alexis de Tocqueville, L’Ancien régime et la Révolution, chap. XI, Michel Lévy Frères, libraires éditeurs, Paris, 1860, p. 198-199.)↩
- « Le droit c’est l’ordre, ce qu’il ordonne c’est la vie », affirmait le doyen Burdeau.↩
- Ce mot rationnel est à entendre ici dans son sens moderne comme « fruit de la volonté de l’homme » et non dans le sens traditionnel d’une intelligence en quête du beau, du vrai et du bien (note de VLR.)↩
- Léo Strauss, Qu’est-ce que la philosophie politique ?, prem. éd. 1959, PUF, col. Quadrige, Paris, 2010, p. 39↩
- Guy Augé (1938-1994), docteur en droit, diplômé en science politique et licencié ès lettres, maître de conférences à l’Université de Paris II, était un spécialiste de l’histoire du droit, unanimement reconnu comme le meilleur connaisseur du légitimisme contemporain et son plus fin, plus rigoureux et plus scrupuleux historien.↩
- Guy Augé, « Légitimité et royalisme », La légitimité, no 13, Décembre 1977.↩