Totalitarisme
Le dessein des idéologies totalitaires n’est donc pas de transformer le monde extérieur, ni d’opérer une transmutation révolutionnaire de la société, mais de transformer la nature humaine elle-même.
Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme (Le système totalitaire tome 1) « Le totalitarisme au pouvoir », Éditions du Seuil, Trad. Jean-Loup Bourget, Robert Davreu et Patrick Lévy, Paris, 2005, p. 277.
Le type idéal [de régime totalitaire] comporte un parti, si je puis dire parfait, au sens de la volonté totalitaire, animé par une idéologie (j’appelle ici idéologie une représentation globale du monde historique, du passé, du présent et de l’avenir, de ce qui est et de ce qui doit être).
Ce parti veut procéder à une transformation totale de la société pour rendre celle-ci conforme à ce qu’exige son idéologie. Le parti monopolistique nourrit des ambitions extrêmement vastes. […]
La représentation de la société future comporte confusion entre la société et l’État. La société idéale est une société sans classes, la non différenciation des groupes sociaux implique que chaque individu soit, au moins dans son travail, partie intégrante de l’État.
Il y a donc là une multiplicité de phénomènes, qui, ensemble, définissent le type totalitaire ; le monopole de la politique réservé à un parti, la volonté d’imprimer la marque de l’idéologie officielle sur l’ensemble de la collectivité et enfin l’effort pour renouveler radicalement la société, vers un aboutissement défini par l’unité de la société et de l’État.
Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme, NRF, col. Idées, Paris, 1965, p. 92-93.
Le totalitarisme, défini comme le gouvernement existentiel des activistes gnostiques, est la forme ultime d’une civilisation progressiste.
Éric Vœgelin, La nouvelle science du politique, Seuil, Paris, 2000, p. 190.
Je suis parfaitement sûre que toute cette catastrophe totalitaire ne serait pas arrivée si les gens avaient encore cru en Dieu, ou plutôt en l’Enfer, s’il y avait encore eu ces références ultimes.
Hannah Arendt, Hannah Arendt, The recovery of the public world, St. Martin’s press, 1979, New York, p. 313-314.