Société organique

La monarchie de l’Ancien Régime reposait effectivement sur cette conception organique de la société. […]
On avait ainsi l’idée que la direction de l’État était confiée à un Prince qui constituait la tête du corps social et qui était responsable de son autorité devant Dieu et, jusqu’à un certain point, devant les sujets. Lui seul représentait l’État, c’est à dire le corps politique et social pris dans son ensemble. […]
Selon la vision chrétienne héritée du Moyen Âge, il convenait […] de soustraire l’homme à l’arbitraire de l’État pour s’inscrire dans un ordre social soumis à la loi divine exigeant, entre autres, que justice soit rendue à chacun. Aussi deux principes de vie organique s’étaient-ils naturellement dégagés ; ils montrent combien l’on était loin de la conception mécanique et individualiste des temps modernes.
– Le premier visait à assurer l’harmonie au sein de l’État ; c’est ce que l’on a appelé, depuis, le principe de subsidiarité, principe de base de toute société organique, selon lequel le groupement d’ordre supérieur ne devait pas intervenir dans la vie des groupements d’ordre inférieur, à commencer par la famille, mais les soutenir.
– Le second tendait, par delà la variété des groupements naturels, à réaliser l’unité de l’État en harmonisant les fins respectives de l’ensemble de ces groupes ; c’est ce que l’on a nommé le principe de finalité. Selon ce principe, les groupements du corps social sont des organes vivants et complémentaires qui agissent chacun pour leur bien commun propre, mais aussi pour le bien commun du corps tout entier. Et, au lieu de s’opposer (comme dans la pensée de Jean-Jacques Rousseau), les deux catégories de biens se complètent.
Cette conception organique avait une grande force instituante car elle s’enracinait dans le modèle de la famille, cellule de base sur laquelle reposait la société tout entière.

Marie-Pauline Deswarte, La République organique en France, Via romana, Paris, 2014, p. 16-19.

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