Loi naturelle

Il y a une justice et une injustice dont tous les hommes ont comme une divination et dont le sentiment leur est naturel et commun, même quand il n’existe entre eux aucune communauté ni aucun contrat ; c’est évidemment, par exemple, ce dont parle l’Antigone de Sophocle, quand elle affirme qu’il était juste d’enfreindre la défense et d’ensevelir Polynice ; car c’était là un droit naturel : « Loi qui n’est ni d’aujourd’hui ni d’hier, qui est éternelle et dont personne ne connaît l’origine. » C’est aussi celle dont Empédocle s’autorise pour interdire de tuer un être animé ; car on ne peut prétendre que cet acte soit juste pour certains, et ne le soit pas pour d’autres : « Mais la loi universelle s’étend en tous sens, à travers l’éther qui règne au loin et aussi la terre immense. »

Aristote, Rhétorique, livre I (tome I), chap. XIII, « Différence selon la loi naturelle ou écrite », trad. Médéric Dufour et autres, Paris, Les Belles-Lettres, 1960, p. 130.


 

Il est une loi véritable, la droite raison, conforme à la nature, universelle, immuable, éternelle dont les ordres invitent au devoir, dont les prohibitions éloignent du mal. Soit qu’elle commande, soit qu’elle défende, ses paroles ne sont ni vaines auprès des bons, ni puissantes sur les méchants. Cette loi ne saurait être contredite par une autre, ni rapportée en quelque partie, ni abrogée tout entière. Ni le sénat, ni le peuple ne peuvent nous délier de l’obéissance à cette loi. Elle n’a pas besoin d’un nouvel interprète, ou d’un organe nouveau. Elle ne sera pas autre dans Rome, autre dans Athènes ; elle ne sera pas autre demain qu’aujourd’hui : mais, dans toutes les nations et dans tous les temps, cette loi régnera toujours, une, éternelle, impérissable ; et le guide commun, le roi de toutes les créatures, Dieu même donne la naissance, la sanction et la publicité à cette loi, que l’homme ne peut méconnaître, sans se fuir lui-même, sans renier sa nature, et par cela seul, sans subir les plus dures expiations, eût-il évité d’ailleurs tout ce qu’on appelle supplice.

Cicéron, De republica, livre III, 17, La république de Cicéron traduite d’après un texte découvert par M. Mai, par M. Villemain de l’Académie française, Didier et C librairies-éditeurs, 1858, p. 184-185.


 

Les racines religieuses du combat politique actuel

Les racines religieuses du combat politique actuel La gnose contre la civilisation chrétienne

Pourquoi avoir choisi cette question religieuse de la gnose comme thème d’une université d’été à vocation politique ? Le philosophe Eric Vœgelin (1901-1985) donne une indication à la portée considérable : « L’hérésie gnostique était le grand adversaire du christianisme aux premiers siècles, et Irénée a rendu compte de ses différentes versions qu’il a critiquées […]

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Quelques préceptes de la loi naturelle, par C.S. Lewis

Quelques préceptes de la loi naturelle, par C.S. Lewis Tous les hommes ont une même nature

Clive Staples Lewis (1898-1963) est un écrivain et universitaire anglais connu mondialement pour son chef d’œuvre Les Chroniques de Narnia. Frappé par l’universalité des règles de la vie humaine en société, il recueille quelques préceptes de la loi naturelle trouvés dans des civilisations aussi différentes que celles de la Chine ancienne, de la Grèce et

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La loi humaine ou loi positive, par saint Thomas d’Aquin

La loi humaine ou loi positive, par saint Thomas d’Aquin Somme théologique 1a-2æ, La loi, question 95

Dans la modernité, la loi émane de la seule volonté du législateur sans autre référence que lui-même : la légitimité se réduit donc à la légalité. À l’opposé, dans une société traditionnelle la loi humaine ou loi positive « n’a valeur de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature.

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La propriété selon saint Thomas d'Aquin

La propriété selon saint Thomas d’Aquin Ou l'impératif de l'égalité de justice

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 consacre le triomphe du matérialisme bourgeois et proclame la propriété comme un « droit naturel et imprescriptible * ». Or, rappelle Saint Thomas d’Aquin, la propriété, le commerce et l’argent, ne sauraient revêtir un caractère absolu. En effet, les biens extérieurs appartiennent à Dieu

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Origine de la souveraineté par Louis de Bonald : Dieu

De l’origine de la souveraineté, par Louis de Bonald Droit divin ou souveraineté populaire ?

Pour Louis de Bonald, l’origine de la souveraineté est Dieu. En matière de souveraineté, il n’y a en effet d’autre choix qu’entre l’hétéronomie et l’autonomie politique. L’hétéronomie est la reconnaissance d’un ordre extérieur à la volonté humaine, auquel tout homme doit se soumettre. Si en plus, on reconnaît que cet ordre vient d’un Dieu créateur

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La loi naturelle selon saint Thomas d’Aquin

La loi naturelle selon saint Thomas d’Aquin Somme théologique Ia-IIæ, La loi, question 94

La loi naturelle selon saint Thomas d’Aquin est immuable et commune à tous les peuples. Ses préceptes jouent vis-à-vis de l’action humaine le même rôle que les principes premiers vis-à-vis des sciences. Elle est universellement accessible à la raison : « il y a en tout humain une inclination naturelle à agir conformément à sa

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Principes de légitimité

Principes de légitimité Aux sources de la politique

En cette époque sombre où la modernité dévoile désormais sans masque ses ambitions totalitaires, en ces temps de détresse où s’étend le spectre des guerres civiles, les principes de légitimité — fondés sur la loi naturelle — se dressent comme une bannière d’espoir et de paix. « Légitimistes de tous les pays, unissez-vous ! »,

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La loi éternelle

La loi éternelle, par saint Thomas d’Aquin Somme théologique Ia-IIæ, La loi, Question 93

Oui Dieu a créé tous les êtres avec des natures propres, c’est à dire des lois propres qui leur permettent de réaliser leur fin propre. Oui l’homme est doué d’une raison, qui d’une part le rend capable de connaître les lois et la fin de sa nature, et qui d’autre part le laisse libre d’y

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Les effets de la loi, par saint Thomas d’Aquin

Les effets de la loi, par saint Thomas d’Aquin Somme théologique Ia-IIæ, La loi, question 92

On rencontre souvent de ces gens qui s’estiment dispensés d’obéir aux lois sous prétexte qu’elles proviennent d’un gouvernement mauvais. Or, dans la mesure où elles ne s’opposent pas aux commandements de Dieu (voir Question 96), les lois humaines obligent chacun, car elles ont pour effet de rendre les hommes bons. Même une loi injuste est

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L’abolition de l’homme par C.S. Lewis. Quand le philosophe — et auteur des Chroniques de Narnia — dévoile l'horizon de la modernité.

L’abolition de l’homme par C.S. Lewis (1898-1963) Ou l’horizon de la modernité

La prophétie de l’abolition de l’homme par C.S. Lewis mettant en cause l’éducation moderne est d’une brûlante actualité. En effet, l’éducation traditionnelle a pour finalité de montrer à chacun comment se conformer à notre nature, à cette loi naturelle que Lewis — l’auteur du Monde de Narnia — choisit d’appeler : le Tao. « Seul le

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