Légitimité
Légitime : Qui a les conditions requises par la Loi. Il signifie aussi juste, équitable, fondé en raison.
Nouveau dictionnaire de la l’Académie françoise dédié au Roy, tome premier, 2e édition, 1718, p.884.
Le pouvoir d’un père sur ses enfants, d’un maître sur ses domestiques, est aussi un pouvoir divin, parce qu’il est fondé sur la nature, et qu’ils sont l’un et l’autre un pouvoir légitime et naturel. Ainsi, dans ce sens, tout ce qui est légitime est divin, puisque la légitimité n’est que la conformité aux lois dont Dieu est l’auteur.
Louis de Bonald, Œuvres de M. de Bonald, Mélanges littéraires, politiques et philosophiques (3e édition), Imprimerie d’Adrien le Clere et Cie, chap. « Observations sur l’ouvrage de Mme la baronne de Staël, ayant pour titre : Considérations sur les principaux événements de la révolution française », § V : « Du pouvoir absolu ; du pouvoir arbitraire ; du pouvoir divin ; de l’obéissance passive », Paris, 1852, p. 562.
[La légitimité,] c’est la justification, tant du droit au commandement des gouvernants que du devoir d’obéissance des gouvernés, un « génie invisible de la cité » expliquait joliment l’historien italien Guglielmo Ferrero, l’un de ceux qui ont le plus réfléchi sur ce sujet. Exorcisant la peur réciproque du chef et des assujettis, la légitimité permet la convivence et la hiérarchisation du groupe.
Guy Augé, Succession de France et règle de nationalité, D.U.C, Paris, 1979, p. 121.
[Gouvernement] légitime, c’est-à-dire conforme à la loi de Dieu et aux traditions du pays.
Mgr de Ségur, Vive le roi !, Haton éditeur, Paris, non daté, p. 13.
La légitimité des rois est l’anneau par lequel les nations se rattachent à Dieu pour demeurer vivantes et honorées.
Antoine Blanc de Saint-Bonnet, La Légitimité, Casterman, Paris, 1873, p. 443.
C’est donc la vraie marque de la Monarchie Royale, quand le Prince se rend aussi doux, et ployable aux lois de nature, qu’il désire ses sujets lui être obéissants. Ce qu’il fera, s’il craint Dieu surtout, s’il est pitoyable aux affligés, prudent aux entreprises, hardi aux exploits, modeste en prospérité, constant en adversité, ferme en sa parole, sage en son conseil, soigneux des sujets, secourable aux amis, terrible aux ennemis, courtois aux gens de bien, effroyable aux méchants, et juste envers tous. Si donc les sujets obéissent aux lois du Roi, et le Roi aux lois de nature, la loi d’une part et d’autre sera maîtresse, ou bien, comme dit Pindare, Reine. Car il s’ensuivra une amitié mutuelle du Roi envers les sujets, et l’obéissance des sujets envers le Roi, avec une très plaisante et douce harmonie des uns avec les autres, et de tous avec le Roi. C’est pourquoi cette Monarchie se doit appeler royale et légitime.
Jean Bodin, Les Six Livres de la République, livre II, chap. III (De la monarchie royale), Librairie Jacques du Puys, Paris, 1577, p. 239.
Il est clair que, dès que l’on a rejeté le principe de la légitimité dynastique, il n’y a plus, pour donner une base aux délimitations territoriales des États, que le droit des nationalités, c’est-à-dire des groupes naturels déterminés par la race, l’histoire et la volonté des populations.
Ernest Renan, La réforme intellectuelle et morale, Michel Lévy Frères, Paris, 1871, p. 169.